Plusieurs leaders laïcs et religieux ont réagi à l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis, dans la nuit du 8 au 9 novembre.
Mgr Joseph E. Kurtz, archevêque de Louisville (Kentucky) et président de la conférence des évêques catholiques des États-Unis a félicité Donald Trump pour son élection, tout en présentant les revendications que les évêques américains entendent mettre de l’avant au cours des prochains mois.
«La conférence épiscopale a hâte de travailler avec le président élu Donald Trump pour protéger la vie humaine, et ce, de ses fragiles débuts jusqu’à sa fin naturelle. Nous ferons la promotion de politiques qui offrirons des chances égales à tous, indépendamment de leur foi et de leur origine sociale», a affirmé Mgr Kurtz.
«Nous réaffirmons notre volonté de voir notre pays faire preuve d’humanité et de bienveillance à l’égard de nos frères et sœurs migrants. Sans toutefois compromettre la sécurité nationale. Nous continuerons d’attirer l’attention des décideurs sur la persécution qui s’abat sur nos coreligionnaires chrétiens et pour les croyants de toutes les religions, que ce soit au Moyen-Orient ou dans d’autres régions du globe. Nous allons également nous assurer que la nouvelle administration s’engage à respecter la liberté de religion [des citoyens américains] afin que les croyants puissent continuer de professer leur religion et permettre à celle-ci de guider leur vie, notamment lorsqu’il est question de vérités de foi comme celles à propos de l’homme, de la femme et du lien unique que les unit l’un à l’autre, par le biais du mariage», a-t-il détaillé.
Aux yeux de l’archevêque de Louisville, «le moment est venu de gouverner en ayant à l’esprit le bien-être de tous les citoyens. J’ai l’intime conviction que Dieu nous donnera la force de panser nos plaies et d’unir nos forces», au terme d’une campagne électorale qui a révélé au grand jour les clivages qui divisent la société américaine.
Jeanne Mancini, la présidente de la Marche pour la vie, s’est quant à elle réjouie de l’élection de Donald Trump: « Nous nous réjouissons de l’élection de ce soir [8 novembre]. Il s’agit selon nous d’un reflet fidèle du consensus pro-vie s’étant établi chez les élus de la Chambre des représentants, du Sénat et de la [Maison-Blanche]. Nous tenons à féliciter les candidats qui se sont levés afin de faire face à l’enjeu le plus critique à l’heure actuelle en matière de droits humains: l’avortement».
«Nous félicitons le président désigné Trump pour sa victoire remportée de chaude lutte, de même que le vice-président élu Pence, ainsi que nos amis qui siègent au Congrès, ajoute Mancini. Nous espérons pouvoir collaborer avec eux afin que puissent se réaliser les promesses électorales mise de l’avant par l’équipe de Donald Trump: s’assurer que les prochains juges à la Cour suprême soient pro-vie, mettre de l’avant des politiques pro-vie, et cesser de financer avec des deniers publics le plus grand avorteur du pays: l’organisme Planned Parenthood.»
Philippe Nassif, le directeur général de l’organisme In Defense of Christians a quant à lui exhorté le nouveau président à faire de la protection des minorités ethniques et religieuses dans les pays du Moyen-Orient sa priorité.
«Ces pays sont d’ailleurs en mesure de favoriser l’essor et la coexistence pacifique entre ces diverses communautés», a-t-il dit.
Il en appelle à certaines «valeurs chrétiennes comme la tolérance et la coexistence pacifique», de même qu’aux «innovations mises en place par ces communautés dans leurs pays d’origine. Innovations qui ont permis aux pays du Moyen-Orient de vivre en paix et en sécurité pendant des siècles. Or, ce genre de stabilité est à l’avantage de la sécurité nationale des États-Unis et du reste du monde».
Le même jour, Scott Reed, directeur général de PICO, un organisme d’aide aux immigrants basé en Californie et fondé en 1972 par le jésuite John Baumann, y est allé d’une mise en garde à l’endroit de Donald Trump.
«Nous tenons à aviser le président élu Trump que notre foi ne nous permettra pas de l’autoriser à remplir sa promesse de criminaliser les immigrants en procédant à des déportations massives, ou de rester inertes face au profilage racial des Afro-Américains, des Latinos et des minorités religieuses», a dit Scott Reed.
Le 9 novembre, John Gehring, directeur des programmes pour l’organisme Faith in Public Life, a lui aussi émis un communiqué, dans lequel il affirme «avoir de la difficulté à trouver les bons mots» pour nommer le désarroi qu’il ressent face aux faits implacables qui se sont produits, le 8 novembre.
«Mes concitoyens viennent d’élire un intimidateur qui a promis d’expulser les musulmans hors du pays, un homme qui badine en parlant d’agressions sexuelles, un individu qui démonise les immigrants, et une personne que le pape François dépeint comme un être ‘disgracieux’», a affirmé Gehring.
«Je n’arrive pas à comprendre que des catholiques aient pu voter pour Trump. Cela dit, les enjeux sont trop importants pour que nous refusions de faire nous aussi notre part, afin de trouver un terrain d’entente [avec son administration] et d’œuvrer pour le bien commun», a-t-il précisé.
Aux yeux de Laura Barrett, directrice générale du réseau œcuménique Interfaith Worker Justice, l’élection de Donald Trump «est une date sombre dans l’histoire de la nation américaine. L’homme dont la course à la Maison-Blanche s’est appuyée sur les traits les plus troublants de notre société – le racisme, la xénophobie, le sexisme – deviendra sous peu le chef d’État le plus puissant du monde.»