Tout juste avant une enfilade de réunions à Montréal, le temps d’un café, Richard Pommainville, directeur général de la Société de Saint-Vincent de Paul (Conseil national du Canada) commente le plus récent budget fédéral et rappelle que la pauvreté prend différentes formes au Canada.
Le ministre des Finances Bill Morneau a présenté son troisième budget le 27 février 2018. Qu’en avez-vous pensé?
On a toujours beaucoup d’attentes quand le ministre des Finances fait son discours. Le budget de 2018 n’apporte pas de grands changements immédiats pour les personnes pauvres, c’est vrai, mais il contient des pistes intéressantes pour l’avenir.
C’est le cas de l’assurance médicaments. Le gouvernement veut effectuer une analyse et faire des recommandations. Dans quel sens? J’ai l’impression que les familles canadiennes pourraient bientôt bénéficier d’une assurance médicaments pour les enfants et les jeunes de moins de 25 ans.
Le ministre Morneau a aussi mentionné d’autres dossiers qui vont éventuellement avoir des impacts sur les personnes pauvres au Canada. Je pense au congé parental, à l’équité salariale, aux services offerts aux Autochtones.
Le ministre a beaucoup parlé de la classe moyenne et c’est certain que ce n’est pas un budget contre la pauvreté. Il n’a pas parlé de revenu minimum garanti. J’aurais aimé qu’il dise, dans son discours, que le gouvernement étudie ce dossier.
Donc, pas de grandes annonces mais, pour plus tard, des points d’ancrage et des pistes encourageantes.
Est-ce que la Société Saint-Vincent de Paul constate que de plus en plus de gens vivent seuls et isolés?
La solitude, on la voit partout et pas seulement dans les grandes villes. Et ce n’est pas qu’une question de pauvreté parce que tous les gens, peu importe leur condition, ont besoin d’interactions avec les autres.
Mais ce qu’on observe c’est que si tu es seul, si tu vis de la solitude, tu risques un déclin, tu pourrais bien cheminer vers la pauvreté. Les membres de la Société Saint-Vincent de Paul, quand ils reçoivent une demande d’aide, font une évaluation de la situation et cela se fait par des visites à domicile. On constate alors que bien des personnes vivent isolées. On peut leur offrir de l’aide et on veut leur donner des outils pour qu’ils se sortent de leur situation.
Seul, que tu sois pauvre ou riche, tu ne t’en sortiras pas.
Est-ce que les femmes vivent davantage dans la pauvreté que les hommes?
La pauvreté n’a pas de sexe. La pauvreté a un impact sur toutes les personnes, peu importe leur couleur, leur religion ou leur sexe.
Mais ce qu’on observe, c’est que lorsque des couples se séparent, ce sont souvent les femmes qui se retrouvent avec les enfants et qui doivent affronter, seules, des situations complexes.
Si les enfants sont jeunes, se posent les questions de l’emploi et des services de garde abordables pour la mère monoparentale. Est-ce possible pour elle d’entreprendre des études pour améliorer ses conditions de travail? Des décisions complexes attendent les femmes monoparentales.