Plus de 200 personnes ont pris place dans la chapelle des Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph ce dimanche 17 mars afin de visionner un documentaire de 50 minutes que leur consacre le cinéaste Daniel Bertolino à l’occasion du 360e anniversaire de leur arrivée en Nouvelle-France.
L’émotion était palpable chez tous les invités parce qu’ils savaient qu’ils participaient au tout dernier événement public à se tenir à l’intérieur de ces murs.
Dans quelques jours, les religieuses qui habitent ce monastère depuis plus de 150 ans, déménageront dans une nouvelle résidence. C’est la Ville de Montréal qui deviendra alors propriétaire de l’ensemble conventuel, ce qui comprend l’imposant monastère de l’avenue des Pins, la chapelle et le musée des Hospitalières.
«Une page se tournera. Une autre s’écrira», a dit Paul Labonne, directeur général du Musée des Hospitalières de l’Hôtel-Dieu de Montréal, avant de rappeler que cette congrégation religieuse a été «à l’avant-garde des soins de santé au Québec».
Les Hospitalières, depuis leur arrivée en 1659, ce sont «360 ans de soins au malades» mais aussi «l’établissements d’hôpitaux à la grandeur du Canada, voire des États-Unis», a rappelé le directeur général. Elles ont aussi «formé de plus de 3000 infirmières et infirmiers dans leur école, la première au Québec, ouverte dès 1901».
Fabrice Brunet, président-directeur général du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM), tenait lui aussi à visionner le documentaire présenté dimanche.
«Le nouveau CHUM n’aurait pas pu exister sans ces femmes qui ont non seulement dirigé l’Hôtel-Dieu, mais aussi bâti, tout au long de leur vie, le système de santé du Québec», a-t-il déclaré.
Il a tenu à rendre hommage à «ces religieuses qui ont traité énormément de patients avec, à la fois, leur cœur, leur cerveau, leur expertise et leur sens de l’organisation». Des qualités, a-t-il lancé, «qui parfois aujourd’hui manquent dans certaines de nos réalisations».
Plusieurs histoires
Dans son documentaire Oser un nouveau monde, on découvre «plusieurs histoires», indique Daniel Bertolino. «Il y a l’histoire de ces religieuses qui arrivent à Ville-Marie, il y a l’histoire de Montréal, puis il y a l’histoire de notre système de santé. Mais j’ai voulu aussi raconter l’histoire de ces femmes qui ont consacré leur vie entière à soigner les autres.»
Le cinéaste explique que depuis 50 ans, il a parcouru le monde à la recherche d’une réponse à cette question: comment soulager la souffrance?
«Dans mes précédents films, j’ai obtenu des réponses historiques, sociales, économiques, politiques et scientifiques. Mais j’ai pensé que je devais entendre aujourd’hui le récit de ces femmes, celles qui sont ici à nos côtés.»
«Ce sont les femmes qui ont construit ce pays, ces femmes qui ont éduqué et qui ont soigné», a-t-il affirmé. «Elles nous disent qu’elles se sont efforcées de soigner les malades, mais pas seulement leur corps, mais aussi toute la personne humaine, ainsi que leurs proches et leurs familles qui souffrent aussi.
Le cinéaste a consacré deux années au tournage de ce film composé «de conversations, d’images et d’histoires vécues que ces religieuses ont accepté généreusement de nous confier alors qu’elles vivent en ce moment un nouveau départ».
«Je voudrais qu’elles sachent que nous sommes reconnaissants de ce qu’elles ont fait pour nous. Je voudrais qu’elles sachent que nous nous souviendrons de leur générosité et de leur compassion.»
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