Un évêque anglican canadien vient d’être mis à l’écart en raison d’un «délit ecclésiastique» qui, une semaine plus tard, n’a toujours pas été précisé.
Le 1er juin 2021, dans une brève note remise aux fidèles, la primat de l’Église anglicane du Canada, Mgr Linda Nicholls, annonce que l’évêque depuis un an du diocèse du Territoire du Peuple (Territory of the People), Mgr Lincoln McKoen, a été retiré (inhibit) de ses fonctions la veille par Mgr Lynne McNaughton, évêque métropolitaine de la Province de la Colombie-Britannique et du Yukon.
Au Canada, quatre provinces ecclésiastiques regroupent géographiquement la trentaine de diocèses anglicans et sont dirigées par des évêques diocésains qui prennent, le jour de leur élection, le titre d’archevêque. Mgr McNaughton, actuelle évêque de Kootenay en Colombie-Britannique, a été élue évêque métropolitaine en mars.
Dans sa note, la primat Nicholls a tenu à rappeler que les personnes «qui occupent des positions de confiance ou de pouvoir dans l’Église ne doivent pas profiter ou abuser de cette confiance ou de ce pouvoir». Mgr Nicholls a assuré les anglicans «que les besoins pastoraux de la communauté diocésaine seront une priorité pour l’Église au cours des prochains mois».
Pressée de questions sur les raisons de ce retrait, l’archevêque Lynne McNaughton a déclaré, dans un bref communiqué, que le diocèse du «Territoire du Peuple et l’Église anglicane du Canada ont une politique de tolérance zéro, strictement appliquée, en ce qui concerne les inconduites. L’évêque Lincoln McKoen ne peut exercer quelque rôle ministériel jusqu’à ce que les allégations le concernant soient résolues».
Afin que «l’Église mène ces procédures disciplinaires de manière équitable, nous ne pouvons pas faire d’autres commentaires pour le moment», a déclaré Mgr McNaughton. Elle a toutefois précisé que «cette affaire n’a absolument rien à voir avec l’horrible découverte faite au pensionnat de Kamloops la semaine dernière».
Les règlements de l’Église anglicane du Canada prévoient, au canon XVIII, que «lorsqu’il est allégué qu’un évêque a commis un délit ecclésiastique, son retrait (inhibition) peut être ordonné ou retiré par le métropolite en consultation avec le conseil exécutif du diocèse». Ce même règlement explique quelles fautes peuvent entraîner une procédure disciplinaire. Ce sont notamment une conduite immorale, une condamnation pour un délit criminel, la désobéissance à l’évêque auquel on a prêté serment d’obéissance, la violation de toute constitution ou de tout canon de l’Église, le «manquement volontaire ou habituel à l’exercice du ministère» et «l’enseignement ou la défense de doctrines contraires à celles acceptées par l’Église anglicane du Canada».
Les déclarations de la primat Nicholls et de l’archevêque McNaughton évitent de mentionner quelle faute aurait commise l’évêque McKeon. Le personnel du diocèse du Territoire du Peuple ne pouvait pas répondre aux questions des médias, invitant les journalistes à poser leurs questions directement à l’évêque métropolitaine.
Le diocèse du Territoire du Peuple regroupe des paroisses appartenant autrefois au diocèse anglican de Cariboo. Ce diocèse a cessé ses activités en 2001, ruiné par des procès en raison d’abus commis au pensionnat autochtone St. George de Lytton, en Colombie-Britannique, une école sous sa responsabilité de 1901 à 1979.
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