Un organisme dont la Caritas canadienne Développement et Paix a suspendu le financement – le Mouvement des travailleurs sans-terre (MST) du Brésil – était l’un des conférenciers invités à la Rencontre mondiale des mouvements populaires, une initiative du Vatican, ce samedi 24 octobre 2020.
«Il faudrait demander au Vatican ou au MST de commenter», a répondu Romain Duguay, directeur général adjoint de Développement et Paix, refusant de dire pourquoi l’organisme semblant jouir des bonnes grâces de Rome continue d’être boudé par la Caritas canadienne.
Il y a six ans, Développement et Paix s’était pourtant réjoui de constater que parmi les invités du pape François à la toute première Rencontre mondiale des mouvements populaires tenue au Vatican, il y avait plusieurs représentants de ses partenaires dont Joao Pedro Stedile, le coordonnateur national du Mouvement des travailleurs sans-terre (MST) du Brésil.
Samedi, cette rencontre internationale a été tenue de façon virtuelle. Elle était animée par le cardinal canadien Michael Czerny, du dicastère pour le service du développement humain intégral. De nouveau invité, l’économiste Joao Pedro Stedile y a prononcé une conférence sur les revendications pour l’accès à la terre au lendemain de la pandémie.
Si Développement et Paix n’a pas émis de communiqué de presse cette fois, c’est que le MST fait partie de ces 52 partenaires que l’organisme ne finance plus tant que «toutes les questions concernant leur acceptabilité n’aient été résolues».
Un membre du personnel de Développement et Paix, qui n’est pas autorisé à parler aux médias, estime que cette situation est franchement gênante. «Le Vatican choisit à répétition de travailler avec des groupes qu’on ne peut, nous, appuyer.»
Une enquête qui arrive à terme
Une analyse du site Web du MST, faite par des membres du personnel de la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC), avait conclu, en 2018, que «le MST appuie la légalisation de l’avortement (legal, publicly-offered abortion) ainsi que d’autres éléments contraires à l’enseignement social de l’Église catholique». Ces soupçons ont déclenché un examen de tous les partenaires de Développement et Paix, un processus qui arrivera bientôt à terme.
«Dès que les membres du conseil national et les membres de Développement et Paix à travers le pays auront eu la chance d’être bien informés et au fait des conclusions» de cet examen, assure Romain Duguay, il pourra répondre aux questions des médias.
Les membres du conseil national doivent recevoir ce rapport à la fin du mois de novembre.
Avant de révéler si le partenariat avec le MST du Brésil sera aboli ou reconduit, Développement et Paix devra «attendre les discussions et les décisions qui seront prises» par le conseil national, indique le directeur général adjoint de l’organisme.
La CECC, qui a participé à la rédaction du rapport final sur les 52 partenaires de Développement et Paix, n’a pas commenté la participation du MST à la Rencontre mondiale des mouvements populaires.
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