Un jalon important de l’histoire de l’Église Unie du Canada vient d’être posé alors que les délégués de la principale Église protestante au pays ont appuyé massivement la Révision globale, un vaste programme de modifications sans précédent qui vise à restructurer et dynamiser leur Église.
Rassemblés pour le 42e Conseil général de l’Église Unie à Corner Brook, à Terre-Neuve, du 8 au 14 août, les 356 délégués nationaux savaient qu’ils auraient à débattre des propositions de la Révision globale et que les discussions risquaient d’être longues et éreintantes. Après plusieurs jours de débat, il a finalement fallu attendre la fin de la toute dernière journée pour voir une proposition omnibus d’adoption de la Révision globale récolter 95 % de votes positifs.
Devant l’absence de décision, il aurait fallu renvoyer plusieurs des questions cruciales de la Révision globale à l’exécutif du Conseil général qui aurait été obligé de trancher ultérieurement sur des enjeux délicats, une perspective que les délégués préféraient éviter.
Principaux changements
Parmi les principales modifications ainsi adoptées, il y a d’abord le passage d’une structure à quatre niveaux vers une structure à trois niveaux. Les délégués ont passé quatre jours à débattre de ce changement. La formule Conseil général, synodes, consistoires, paroisses sera remplacée par une formule Conseil ecclésial, conseils régionaux, communautés de foi. La structure à quatre niveaux datait de la fondation de l’Église en 1925.
La Révision globale prévoit aussi le financement de nouveaux ministères grâce à une enveloppe correspondant à 10 % du budget annuel du fonds Mission et service. Spirituellement, cet élément constituait le principal changement envisagé. Pour parvenir à financer cette initiative, on prévoit notamment que le budget du Conseil général sera amputé du tiers de ce qu’il est actuellement, ce qui représente des coupures de 11 millions $ d’ici 2018. Une cotisation obligatoire des communautés est aussi prévue, mais un comité devra déterminer comment déterminer le montant à verser.
Par ailleurs, l’idée de créer un collège ministériel pour superviser les pasteurs de l’Église n’a pas été retenue, les délégués préférant conserver cette gestion au niveau régional. La proposition d’avoir un grand conseil ecclésial avec un représentant de chaque communauté au Canada – ce qui ferait un conseil ecclésial de quelque 3000 personnes au lieu des 350 délégués qui participent actuellement à la formule du Conseil général – a aussi été écartée.
Un processus de trois ans
Lors du dernier Conseil général, en 2012, les délégués avaient demandé qu’un Groupe de travail sur la Révision globale soit mis en place et qu’il consulte les membres de l’Église Unie à travers le Canada afin de parvenir à élaborer des propositions de changement. L’objectif : que l’Église Unie soit en mesure de répondre aux défis actuels et futurs. Parmi ces défis, il y a celui d’une Église en décroissance, tant sur le plan de ses membres que de ses revenus, mais aussi celui d’avoir des structures et des ressources qui servent d’abord et avant tout sa mission spirituelle. Trois ans plus tard, au début de l’année 2015, le Groupe de travail a remis son rapport assorti d’une série de propositions. Celles-ci devaient être analysées localement afin d’émettre des propositions destinées à être débattues au Conseil général.
À l’ouverture du Conseil général la semaine dernière, 90 des 190 propositions portaient sur la Révision globale.
Devant l’ampleur de la tâche, un Comité de séance ad hoc a rapidement procédé à une rationalisation de ces propositions pour les condenser et les réduire à sept. Il a également ajouté ses propres recommandations, suggérant d’adopter ou d’ignorer telle ou telle proposition.
Les discussions entre les délégués ont ainsi porté sur ces sept propositions remaniées. L’opération a pris des allures de courses contre la montre, si bien qu’en milieu de semaine, on se demandait si l’Église parviendrait à réellement se prononcer.
La proposition omnibus de vendredi dernier était ainsi une version retravaillée de la Révision globale déposée en début de l’année 2015.
Un vaste travail de consultations décisionnelles – appelées « renvois » dans l’Église Unie – devra encore avoir lieu avant que la Révision globale adoptée par les délégués ne prenne effet.