L’organisme diocésain Notre-Dame-de-la-rue, fondé par l’abbé Claude Paradis, a organisé le vendredi 6 décembre son premier brunch de Noël destiné aux itinérants montréalais. Grâce à une fondation, qui désire demeurer anonyme, et par une douzaine de bénévoles, plus de 200 itinérants ont été reçus dans une salle de l’archevêché de Montréal afin de partager un copieux déjeuner accompagné par des chants country.
Des autobus scolaires vont chercher les itinérants et les reconduire après le déjeuner. Une douzaine de bénévoles proviennent d’une compagnie spécialisée en distribution alimentaire. C’est la rôtisserie Benny qui fournit les chefs cuisiniers.
À l’accueil se trouve un préposé qui n’est nul autre qu’un ancien homme d’affaires maintenant à la tête d’une fondation qui, en 30 ans, a donné plus de 3 millions de dollars à divers organismes.
C’est sa fondation et lui qui payent pour le brunch.
L’abbé Claude Paradis explique que le philanthrope «ne veut jamais que son nom soit mentionné. Il a pour devise: « Mais toi, quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ignore ce que donne ta main droite, afin que ton aumône reste dans le secret »».
Malgré son désir de demeurer dans l’ombre, le fondateur de la fondation a quand même accepté de répondre à quelques questions lors d’une discussion à bâton rompue entrecoupée de mots de bienvenue et d’au revoir.
Le donateur anonyme et les gestionnaires de la fondation demeurent dans l’ombre, explique-t-il, car ils ne veulent pas être payés en retour. Leur salaire, ce sont «les sourires de ceux qu’ils aident».
De manière plus personnelle, le philanthrope distingue ce qu’il qualifie de «gratis» de ce qui est «gratuit». Pour lui, est «gratis» cette petite «bébelle» qui se trouve au fond d’une boîte de céréales que vous avez déjà payée. Un geste, un cadeau, ne devient vraiment gratuit que lorsque tu n’attends rien en retour.
Il n’est donc pas surprenant d’apprendre que la fondation ne consacre que 1% des dons reçus en administration. Il est hors de question d’augmenter cette part. Ainsi, assure-t-on, 99% de l’argent amassé par la fondation doit être consacré aux œuvres qu’elles financent. Pour elle, «c’est sacré», qu’il s’agisse de financer des organismes qui œuvrent pour les itinérants, la santé mentale ou l’éducation. Elle fournit également des biens qui visent à améliorer la vie des gens.
Le financement d’un brunch comme celui de Notre-Dame-de-la-rue correspond à ses objectifs philanthropiques. Le fondateur qui veut préserver son anonymat se dit satisfait de l’expérience. Le prochain brunch de Noël est déjà en préparation.
Les itinérants entrent et sortent de la salle. Assis à une table, Danny, un homme à la carrure solide, accepte de parler de son parcours et de ses rêves.
«Je suis en appartement présentement. J’espère le garder! J’aimerais bien travailler dans le domaine de l’itinérance. Je voudrais aider moi aussi», confie-t-il.
En franchissant la porte de sortie, nous nous faisons interpeller par un itinérant. «Hey, tu n’as pas eu ton sac! C’est important!»
Le sac en question contenait une tuque, des mitaines, un foulard, des bas, de la nourriture, dont des barres tendres. Ce matin-là des centaines de sacs ont été distribués.
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