«Alors, vous irez à Auschwitz cet été? Moi, je n’y suis jamais allé. Je n’irai pas à Auschwitz, c’est trop difficile», lance Léon Celemencki, 76 ans, à ces jeunes qui s’y rendront, le mois prochain, alors qu’ils participeront aux Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) de Cracovie, en Pologne.
M. Celemencki connaît l’endroit. «C’est là que ma mère a été assassinée», explique-t-il aux quinze jeunes hommes et jeunes femmes réunis, ce samedi soir, dans une salle du presbytère de l’église de Saint-Bruno-de-Montarville.
Puis, celui qui avait deux ans quand sa mère Faiga Tabacznick a été arrêtée puis déportée vers la Pologne, s’est levé et a montré sur une carte où se trouvent Cracovie et le camp d’Auschwitz.
«À Auschwitz, vous entrerez dans une salle aussi grande que celle-ci, où se trouvent des montagnes de cheveux, dans une autre, des tas de chaussures d’enfants et d’adultes. Vous allez voir des choses horribles», prévient-il.
«Comment a-t-on pu commettre toutes ces horreurs? C’est arrivé et il ne faut plus jamais que cela arrive», lance Léon Celemencki aux jeunes membres de la délégation du diocèse de Saint-Jean-Longueuil aux JMJ qui se tiendront en Pologne à la fin du mois de juillet.
Léon Celemencki habite aujourd’hui à Laval. Il s’est installé au Québec en 1963. Il a été gérant dans les magasins d’alimentation Steinberg avant de devenir fleuriste. Son épouse Bella et lui ont eu trois filles. La famille compte aussi quatre petits-enfants.
Celui dont les grands-pères et grands-mères, trois oncles, sept tantes et des cousins «ont tous été assassinés dans les camps d’Auschwitz et de Treblinka» rencontre régulièrement des jeunes afin de leur raconter son histoire. Il travaille auprès du Centre commémoratif de l’Holocauste à Montréal.
Pour Norman Lévesque, un des accompagnateurs du groupe des JMJ, cette rencontre entre un survivant de la Shoah et ces jeunes était un moment essentiel dans les préparatifs de la délégation diocésaine.
«Souhaitez-vous que nous posions un geste précis en votre nom lorsque nous serons à Auschwitz?», lui a-t-il demandé, à la fin de la rencontre.
«Cela me touche», a répondu Léon Celemencki. «Ce que je souhaite, c’est que vous racontiez à votre retour ce qui s’est passé à Auschwitz. Et que vous preniez l’engagement de ne jamais accepter le racisme et l’antisémitisme. Peu importe notre religion, la couleur de notre peau, nous sommes tous égaux et nous aspirons tous au bonheur. Le soleil brille pour tous.»