La Maison Aube-Lumière de Sherbrooke donnera accès à l’aide médicale à mourir dès le premier février 2016. Elle devient la toute première maison de soins palliatifs au Québec à offrir ce choix.
Il s’agit d’une «mesure exceptionnelle qui sera utilisée en dernier recours, seulement après avoir épuisé tous les autres moyens disponibles pour soulager les patients», explique Élisabeth Brière, présidente du conseil d’administration de cette maison de soins palliatifs.
«L’aide médicale à mourir s’inscrit tout à fait dans notre philosophie de placer le patient au cœur de nos actions. Cela signifie pour nous que l’intérêt des patients prime et qu’ils peuvent décider de ce qu’ils souhaitent pour eux-mêmes pour vivre sereinement les derniers moments de leur vie», ajoute-t-elle.
«Cela signifie pour nous que l’intérêt des patients prime […]»
La loi 52 sur les soins de fins de vie, adoptée par l’Assemblée nationale en juin 2014, sera en vigueur en décembre prochain. Il y a deux types de soins de fin de vie selon cette loi. Ce sont les soins palliatifs offerts aux personnes en fin de vie et l’aide médicale à mourir.
La loi stipule que les maisons de soins palliatifs doivent déterminer «les soins de fin de vie qu’elles offrent dans leurs locaux». Toutes ces maisons ont entrepris, depuis l’adoption de la loi, une réflexion sur les services qu’elles offriront dorénavant.
Une majorité de maisons s’y oppose
Il y a 31 maisons de soins palliatifs au Québec. Un sondage mené auprès de chacune de ces maison en septembre montre que 25 d’entre elles ont déjà choisi de ne pas offrir l’aide médicale à mourir, explique Lucie Wiseman, présidente de l’Alliance des maisons de soins palliatifs du Québec. «On respecte le choix de chacune des maisons membres. Ce sont tous des organismes autonomes. L’Alliance ne conteste pas la loi 52 et n’a pas donné aucun mot d’ordre. Ce n’est pas notre rôle», ajoute madame Wiseman. L’Alliance regroupe toutes les maisons de soins palliatifs du Québec, sauf une.
Lucie Wiseman est aussi directrice générale de la Maison Au Diapason. Cette maison de soins palliatifs de Bromont a déjà indiqué qu’elle n’offrira pas «d’aide médicale à mourir en ses murs».
Dès l’adoption de la loi 52, cet organisme communautaire rappelait que «l’objectif des soins palliatifs n’est pas d’accélérer la mort alors que l’aide médicale à mourir est un acte qui met fin intentionnellement à la vie d’une personne malade. Considérant notre philosophie de soins, l’aide médicale à mourir ne peut faire partie de notre mission».
La Maison Aube-Lumière de Sherbrooke explique, de son côté, avoir effectué un sondage électronique auprès de son personnel et de ses bénévoles. «La majorité des personnes ayant émis une opinion était en faveur d’offrir l’aide médicale à mourir tandis que 20 personnes étaient indécises». Le conseil d’administration a approuvé à l’unanimité cette décision. On précise toutefois que cette décision ne modifiera pas les critères d’admission des patients, qui sont des «personnes atteintes du cancer en fin de vie ayant un pronostic de moins de trois mois».
À l’archidiocèse de Shebrooke, Mgr Luc Cyr s’est dit «troublé» par la décision de l’Aube-Lumière
À l’archidiocèse de Shebrooke, Mgr Luc Cyr s’est dit «troublé» par la décision de l’Aube-Lumière. «La fin de vie, lorsque les souffrances sont atténuées par des soins attentionnés, peut devenir une occasion extraordinaire de faire le point sur notre foi profonde, réduisant ainsi l’anxiété face à la mort», a ajouté l’archevêque, saluant au passage ceux qui prodiguent des soins palliatifs.