Fondée à Québec en 1943 sous le nom de Conférence catholique canadienne, la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC) s’est toujours intéressée aux questions sociales, a rappelé Mgr Lionel Gendron, évêque de Saint-Jean-Longueuil et actuel président de la conférence épiscopale.
Il y a 75 ans, les évêques canadiens s’opposaient déjà au gouvernement canadien, alors dirigé par le libéral William Lyon Mackenzie King, en «défendant la réunion des nouveaux immigrants avec leurs familles», a-t-il mentionné avant de nommer les dossiers politiques et sociaux sur lesquels les évêques se sont prononcés durant la dernière année et qui les ont aussi opposés à un autre gouvernement libéral, celui de Justin Trudeau.
«La sagesse de l’Écriture nous enseigne qu’il n’y aura jamais une époque où nous ne serons pas appelés, en tant qu’évêques, à défendre la justice et le droit et à promouvoir une société plus humaine dans laquelle Dieu peut être connu, adoré et aimé», a dit le président de la CECC.
C’est ainsi que la conférence épiscopale qu’il préside depuis 2017 a joint une coalition qui travaille pour qu’un plus grand nombre de Canadiens aient accès à des soins palliatifs de qualité. Il s’agit d’un besoin «devenu particulièrement urgent» depuis l’adoption en 2016, du projet de loi C-14, la loi sur l’aide médicale à mourir. Ce titre est trompeur, dit Mgr Gendron. Il estime que cette loi doit être qualifiée de «législation du suicide assisté par un médecin et de l’euthanasie».
Emplois d’été
En janvier 2018, la CECC a aussi joint une coalition d’organismes ecclésiaux afin de protester contre une attestation que les organismes doivent dorénavant cocher s’ils souhaitent que leur demande pour obtenir des emplois d’été soit étudiée. Une clause du formulaire à remplir indique que l’emploi créé et le mandat de l’organisme respectent les droits de la personne ainsi que «les valeurs sous-jacentes à la Charte des droits et libertés et la jurisprudence qui en découle». Les «droits reproductifs et sexuels» des femmes et «l’accès à des avortements sûrs et légaux» font partie de ces droits, précise le formulaire du programme Emplois d’été Canada. Cette exigence gouvernementale est «une violation de la Charte», a estimé Mgr Gendron.
La CECC a demandé, en vain, l’abolition de cette clause.
Le rapport du président de la CECC ne mentionne pas combien de paroisses ou d’organismes catholiques ont vu leur demande de subvention être refusée parce qu’ils n’avaient pas coché la clause controversée. Le ministère responsable de ce programme a toutefois dévoilé cet été les noms des employeurs dont la demande de fonds a été approuvée. Des centaines d’organismes chrétiens, catholiques, anglicans, musulmans et juifs sont nommés dans cette liste nationale.
Autochtones
«Ces dernières années, grâce à la Commission de vérité et réconciliation et à ses appels à l’action, les peuples autochtones sont devenus une préoccupation nationale et une priorité renouvelée pour tous les membres de l’Église au Canada», a déclaré Mgr Gendron dans son Rapport du président.
L’évêque de Saint-Jean-Longueuil ajoute qu’il a publié durant la dernière année, «une courte lettre aux Autochtones catholiques dans laquelle [il a] réitéré l’engagement des évêques du Canada à une relation renouvelée fondée sur des activités de réconciliation importantes à l’échelon local».
Dans une lettre datée du 27 mars 2018, Mgr Gendron annonçait que le pape François ne viendrait pas au Canada afin de présenter des excuses aux victimes d’abus dans les pensionnats autochtones gérés par des autorités catholiques, une recommandation (l’appel no 58) de la Commission de vérité et réconciliation du Canada. Le fait que le pape a décliné l’invitation à se rendre au Canada pour présenter des excuses aux peuples autochtones au printemps dernier n’est mentionné nulle part dans le rapport du président.
«En ce qui concerne l’appel à l’action 58, après avoir examiné attentivement la demande et l’avoir discutée abondamment avec les évêques du Canada, [le pape] était d’avis qu’il ne peut pas y répondre personnellement», a écrit Mgr Gendron dans cette lettre.
Cette déclaration épiscopale a été l’une des plus débattues cette année parmi les catholiques, la population et les Autochtones.
Même que le 1er mai 2018, c’est par un vote majoritaire – 269 pour, 10 contre – que les députés de la Chambre des communes ont invité officiellement le pape François «à présenter des excuses» aux Autochtones. Le rapport annuel du président de la conférence épiscopale canadienne ne mentionne pas non plus cet événement. La CECC avait pourtant organisé une conférence de presse sur la colline parlementaire et envoyé aux députés une lettre pour les exhorter à voter contre la motion.