La conférence des évêques allemands a élu une femme au poste de secrétaire général lors d’une assemblée virtuelle qui s’est transformée en une réunion de crise centrée sur le traitement des abus sexuels par l’Église.
Beate Gilles, une théologienne de 50 ans, devient la première femme à diriger le secrétariat des évêques. Son mandat débutera le 1er juillet 2021.
«L’année dernière, le débat était encore ouvert sur la question de savoir si une femme pouvait occuper une telle fonction ici. Maintenant, nous savons que c’est possible», a-t-elle déclaré le 23 février lors de la conférence de presse qui a suivi son élection.
L’évêque du Limbourg Georg Bätzing, président de la conférence des évêques, a déclaré que cette nomination était un signal fort «que les évêques honorent leur accord pour promouvoir les femmes dans les postes de direction».
Pourtant, l’élection de Gilles n’a pas pu faire oublier que l’Église catholique en Allemagne est sous pression et à un moment critique. Elle est tombée dans le discrédit parmi ses membres après une litanie d’accusations d’enquêtes inadéquates et de dissimulations d’abus sexuels passés.
«Tant qu’il n’y aura pas une réévaluation honnête, ouverte et complète des abus sexuels dans tous les diocèses allemands, établie à un niveau scientifique élevé et avec les mêmes normes pour tous, les efforts de réforme […] n’aboutiront à rien», a déclaré l’Alliance laïque catholique, représentant sept organisations laïques.
Cologne au cœur de la tempête
Le cardinal Rainer Maria Woelki, de Cologne, est au centre de la tempête. Après avoir commandé un rapport pour éclaircir les cas d’abus sexuels passés, en particulier la façon dont ils ont été traités, dans l’archidiocèse de Cologne, il a refusé de le rendre public, disant qu’il contenait des lacunes. Il a commandé un nouveau rapport, dont la publication est prévue pour le 18 mars. Les conseils paroissiaux, les prêtres et plus récemment le conseil diocésain ont critiqué le cardinal pour sa façon de gérer l’enquête sur les abus.
Alors que d’autres diocèses traitent également des allégations d’abus, le cardinal Woelki est considéré comme un symbole de cachotterie de l’Église catholique, alors que de plus en plus de catholiques allemands tournent le dos à l’Église. D’autres, comme l’alliance laïque, réclament des changements fondamentaux.
En Allemagne, les affiliations aux Églises sont enregistrées auprès du gouvernement, qui perçoit l’impôt ecclésiastique en leur nom. Cet impôt s’élève normalement à 5 à 8 % du revenu des membres de l’Église.
Le 19 février, le site de réservation de rendez-vous en ligne du tribunal de première instance de Cologne pour les personnes quittant l’Église a planté après que des dates et des créneaux horaires supplémentaires pour mars et avril aient été mis à disposition pour les rendez-vous, a déclaré le tribunal à l’agence de presse allemande.
Lors d’une conférence de presse le 25 février, l’évêque Bätzing a admis que les personnes quittant l’Église allaient finir par en affecter les finances. Il a également admis que les troubles dans l’archidiocèse de Cologne ont éclipsé la plénière de printemps.
Il a réitéré qu’il a ouvertement qualifié la gestion de crise du cardinal Woelki de «désastre», conseillant au cardinal de suivre une autre voie. Il a déclaré que la conférence des évêques ne peut prendre aucune décision sur l’avenir du cardinal Woelki; seul le nonce apostolique le peut.
Dans sa déclaration formelle et finale de 17 pages après la plénière, Mgr Bätzing a abordé le fait que l’opinion publique se concentre actuellement sur l’archidiocèse de Cologne : «Je tiens à préciser: oui, il y a beaucoup de gens qui quittent l’Église, notamment à cause de l’image que l’Église projette actuellement. Et il y a certainement beaucoup de choses qui doivent être clarifiées à l’archevêché de Cologne. Mais se concentrer uniquement sur l’archevêque de Cologne serait manquer de perspicacité. Au contraire: les évêques des 27 diocèses sont tous responsables de la situation, et nous devons tous faire face aux critiques.»
Il a déclaré que beaucoup de progrès ont été réalisés au cours de la dernière décennie, depuis que les premiers cas d’abus sexuels dans l’Église catholique allemande ont été rendus publics en 2010, «mais bien sûr, il reste encore beaucoup à faire. Le dossier n’est en aucun cas clos, et ne le sera jamais dans une optique de prévention. Cependant, je rejette l’accusation selon laquelle les évêques se seraient tus ou n’auraient rien fait pendant des années.»
Au cours de la réunion, les évêques ont également discuté de la voie synodale, qui débat des questions de pouvoir, de moralité sexuelle, de vie sacerdotale et du rôle des femmes dans l’Église. Ils ont également entendu un rapport d’un groupe de travail œcuménique sur la communion partagée et ont discuté de la situation désastreuse des réfugiés aux frontières de l’Union européenne (UE). Mgr Bätzing a demandé aux gouvernements de l’UE de s’impliquer dans une situation qu’il a décrite comme une tache sur l’Union européenne.
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