Afin de remplacer l’abbé Pierre Goudreault à la coordination de la paroisse Sainte-Trinité de Rouyn-Noranda, l’évêque Dorylas Moreau a choisi «la seule personne qui avait l’expérience pour cette tâche», a-t-il confié en entrevue téléphonique.
La nouvelle coordonnatrice des activités de l’équipe et des activités pastorales de la plus grande paroisse de son diocèse sera une laïque, mariée et mère de deux adolescents.
Chantal Giroux, une agente de pastorale de 46 ans, est nommée officiellement «coordonnatrice de la pastorale à la paroisse Sainte-Trinité pour un terme de trois ans, sans préjudice à ses engagements au niveau diocésain», lit-on dans l’avis de nomination qu’il a signé le 17 janvier 2018.
Nutritionniste diplômée, une profession qu’elle n’exerce plus depuis un bon moment, agente de pastorale depuis 2003, responsable particulièrement du volet Familles de la paroisse, Chantal Giroux «n’a pas réfléchi très longuement» lorsque Mgr Moreau lui a fait cette proposition.
«Avec le départ de Pierre [Goudreault] [NDLR: que le pape François a nommé évêque de Sainte-Anne-de-la-Pocatière en décembre 2017], j’avais le souci de poursuivre ce qu’on avait mis en place», dit-elle.
Chantal Giroux, qui a complété un certificat en théologie à l’Université Saint-Paul en 2012, tient beaucoup à cette paroisse à laquelle elle est associée depuis sa fondation. La paroisse est née d’une fusion, en 2005, de six paroisses du centre-ville de Rouyn-Noranda. Aujourd’hui, elle compte deux lieux de culte dont l’église Saint-Joseph qui est aussi la cathédrale du diocèse de Rouyn-Noranda. Elle dessert une population de 35 000 personnes. Quelque 1000 familles participent régulièrement à la vie paroissiale.
«Oui, depuis ma nomination, on m’a quelques fois appelée madame-curé», dit-elle, enjouée. «On me taquine là-dessus. Je réponds toujours que je vais laisser quelques tâches aux prêtres car j’en ai déjà bien assez.» Trois prêtres font partie de l’équipe de la paroisse dont elle coordonne le travail pastoral. La paroisse compte aussi douze employés et gère un budget annuel de 650 000 $.
«Je ne l’ai pas nommée curé», insiste Mgr Moreau. «J’ai choisi une équipe pastorale et cette équipe sera coordonnée par une femme. Et c’était la seule qui avait l’expérience pour cette tâche. Les autres prêtres d’expérience sont pris ailleurs. Si j’habille un milieu pour déshabiller l’autre, ce n’est pas mieux.»
L’évêque explique qu’il y aura inévitablement «des solutions comme cela dans l’avenir», que «c’est une voie qui sera empruntée» par d’autres diocèses québécois.
«Avec la pénurie de prêtres que l’on connaît dans le nord-ouest du Québec, on ne peut plus remplacer un prêtre par un autre. Il faut trouver une solution qui va permettre que la vie pastorale continue, par d’autres mains», dit-il.
Ex-prêtre modérateur
Joint à Trois-Rivières où il participe à une rencontre plénière de l’Assemblée des évêques catholiques du Québec, l’ex-prêtre-modérateur de la paroisse Sainte-Trinité de Rouyn-Noranda, se dit très heureux de la nomination de Chantal Giroux.
«J’ai travaillé avec elle en partenariat durant 15 ans. C’est une personne qui a un très bon flair pastoral, une formation de base en théologie et qui a acquis une belle expérience», dit Mgr Pierre Goudreault.
«Chantal Giroux ne sera pas seule. Elle va travailler en collaboration avec d’autres mandatés pastoraux et des prêtres», un modèle d’Église qu’affectionne ce théologien et auteur de livres sur l’avenir des paroisses du Québec.
Il salue le «choix de l’évêque local de nommer une femme» à Sainte-Trinité, une «première pour une grande paroisse avec une équipe pastorale».
«Cela ne peut qu’apporter une richesse du regard, une complémentarité», soutient-il.
Sur le plan diocésain, il n’est pas rare que des femmes soient en situation de responsabilité. «Peut-être qu’on voyait moins cela au niveau paroissial». La nomination de Chantal Giroux montre que «le service de coordination peut être assumé par un agent ou une agente de pastorale».
Est-ce un exemple qu’il imitera dans le diocèse de Saint-Anne-de-la-Pocatière? «J’aurai le bonheur d’accompagner ce qui est déjà en place», explique Mgr Goudreault dont l’ordination épiscopale aura lieu samedi prochain, le 10 mars.
Cette structure, ce sont les équipes dites tandem. «Au lieu d’avoir un responsable unique, on a une équipe tandem composée d’un homme et d’une femme, en l’occurrence l’agente de pastorale et un prêtre». Les deux ont la responsabilité de la coordination des régions du diocèse, dorénavant appelées des unités missionnaires et qui regroupent plusieurs paroisses.
«Je suis très ouvert à encourager des expériences du genre, c’est clair», dit le nouvel évêque.