La Montréalaise Josianne Gauthier, ex-directrice générale adjointe de Développement et Paix, participe actuellement au Synode des évêques sur l’Amazonie à titre d’experte.
Actuelle secrétaire générale de l’organisme CIDSE (Coopération Internationale pour le Développement et la Solidarité), Josianne Gauthier fait partie de la courte liste d’experts internationaux qui ont été invités par le pape François à accompagner les 184 pères synodaux qui, depuis le dimanche 6 octobre jusqu’au dimanche 27 octobre, vont «rechercher de nouveaux chemins pour faire s’épanouir le visage amazonien de l’Église et pour faire face aux situations d’injustice de la région».
Parmi les douze experts présents à Rome, on trouve Ban Ki-Moon, ancien secrétaire général des Nations-Unies, et Carlos Alfonso Nobre, récipiendaire du Prix Nobel de la Paix 2007 à titre de membre du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat).
Josianne Gauthier, 45 ans, avocate de formation, vit depuis deux ans à Bruxelles. Elle y dirige la CIDSE, une famille d’organisations catholiques qui œuvrent pour la justice sociale. Développement et Paix est un membre fondateur de la CIDSE.
L’Instrumentum Laboris
Elle recommande la lecture du document de travail – l’Instrumentum Laboris – préparé pour les évêques et les cardinaux qui participent au synode.
«Ce document présente de manière assez explicite et exhaustive les multiples défis et menaces auxquels font face l’Amazonie mais aussi l’Église en Amazonie», reconnaît-elle. Elle suggèrera toutefois d’autres enjeux qui «mériteraient d’être développés davantage» par les évêques et les cardinaux qui voteront sur différentes propositions à la fin de cette rencontre.
Elle souhaite, par exemple, que les pères synodaux «remettent en question le paradigme de croissance, un héritage du système colonial». Elle voudrait aussi que cette rencontre se termine par «une prise de responsabilité mondiale, y compris par l’Église, afin de poser des actions concrètes de nature politique».
«Il faut questionner le rôle que nous jouons en perpétuant ce système injuste qui fait crier la terre et les peuples qui l’habitent.»
Josianne Gauthier espère aussi que les discussions aillent au-delà de l’Amazonie et s’intéressent aussi aux «changements requis dans nos propres comportements, dans notre relation aux ressources, dans notre mode de production et nos choix de consommation».
Les femmes dans l’Église
La troisième partie de l’Instrumentum Laboris, un document de 60 pages, explore les nouveaux chemins que doit emprunter l’Église en Amazonie. Il y est beaucoup question du rôle accru que les Autochtones, les femmes et les laïcs peuvent jouer dans l’Église locale.
Josianne Gauthier souhaite que les participants adoptent «un langage plus ouvert, juste, serein et clair vis-à-vis des droits des femmes et de leur contribution et leur rôle dans l’Église».
Ce synode sur l’Amazonie est, selon elle, une invitation «à transformer le visage de l’Église pour qu’il représente le peuple de Dieu et ceux et celles qui forment l’Église à tous les jours».
«À titre personnel, en tant que femme laïque engagée dans l’Église depuis très longtemps, je ne peux qu’être d’accord avec l’idée de reconnaître une plus grande place à la fois aux femmes et aux laïcs. Je crois aussi que cette question, qui sera d’abord abordée dans le contexte spécifique de l’Amazonie, aura des échos dans l’Église partout dans le monde.»
«C’est une question de justice et une question de dignité», estime-t-elle.
Trois autres Canadiens participent aussi au Synode des évêques sur l’Amazonie. Ce sont Mgr Lionel Gendron, évêque de Saint-Jean-Longueuil, le cardinal Marc Ouellet, préfet de la Congrégation pour les évêques, et le jésuite Michael Czerny, créé cardinal samedi par le pape François qui l’avait nommé, il y a plusieurs mois, secrétaire spécial de ce synode et membre du comité responsable de la rédaction de son document final.
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