Mgr Carlo Maria Vigano, l’ancien nonce apostolique aux États-Unis qui avait accusé le pape François et des prélats de l’Église de ne pas avoir agi face à des accusations d’abus sexuel, a demandé à un haut responsable du Vatican de divulguer des documents prouvant ses allégations.
Dans une lettre de quatre pages publiée par LifeSiteNews le 27 septembre, Mgr Vigano a invité le cardinal canadien Marc Ouellet, préfet de la Congrégation pour les évêques, à divulguer des informations sur les prétendues sanctions privées imposées par le pape Benoît XVI, aujourd’hui à la retraite, au cardinal Theodore McCarrick.
«Votre Éminence, avant mon départ pour Washington, c’est vous qui m’avez parlé des sanctions du pape Benoît XVI à l’encontre de McCarrick. Vous avez à votre disposition des documents clés incriminant McCarrick et plusieurs membres de la curie pour leurs dissimulations. Votre Éminence, je vous invite à porter témoignage à la vérité», a écrit l’ancien nonce.
Il a également appelé les dirigeants de la conférence épiscopale américaine, qui ont eu une réunion privée avec le pape François, le 13 septembre, à dire si le pape refusait de mener une enquête du Vatican sur les crimes de McCarrick et sur ceux qui les auraient dissimulés.
L’archevêque Vigano, qui se cachait après avoir publié le 25 août son «témoignage» contre le pape François, a également défendu sa décision d’écrire le document et d’y révéler des faits allégués «couverts par le secret pontifical que j’avais promis d’observer».
Les secrets pontificaux, a-t-il déclaré, ont pour but «de protéger l’Église de ses ennemis, et non de couvrir et de devenir complice des crimes commis par certains de ses membres».
«J’ai été témoin, non par choix, de faits choquants et, comme l’affirme le Catéchisme de l’Église catholique (par. 2491), le sceau du secret n’est pas contraignant lorsque des dommages très graves ne peuvent être évités que par la divulgation de la vérité. Seul le sceau de la confession aurait pu justifier mon silence.»
Dans la nouvelle lettre, Mgr Vigano poursuit ses accusations selon lesquelles le clergé homosexuel aurait une grande influence au Vatican et auprès du pape François. Et il a exprimé sa déception devant la façon dont le cardinal Ouellet avait, à son avis, renoncé à sa défense de l’orthodoxie catholique.
«Au début du pontificat du pape François, il avait conservé sa dignité, comme il l’avait fait avec courage lorsqu’il était archevêque de Québec », a écrit Mgr Vigano. «Plus tard, cependant, quand son travail de préfet de la Congrégation pour les évêques a été miné parce que les recommandations pour les nominations épiscopales ont été transmises directement au pape François par deux «amis» homosexuels de son dicastère, contournant ainsi le cardinal, il a abandonné. Son long article dans L’Osservatore Romano, dans lequel il se prononce en faveur des aspects les plus controversés d’Amoris Lætitia, incarne sa reddition», a estimé l’ancien nonce.
Au moment de la publication de cette deuxième lettre, ni le pape François ni les responsables du Vatican n’avaient commenté les accusations contenues dans le document original de Mgr Vigano. Au lieu de cela, le pape François a demandé aux journalistes le 26 août de «le lire attentivement et de porter son propre jugement».
«Je ne dirai pas un mot à ce sujet. Je pense que le mémo parle de lui-même et que vous êtes assez capables en tant que journalistes de tirer vos propres conclusions», avait déclaré le pape à la presse lors d’un voyage de retour à Dublin.
Dans les semaines qui ont suivi, prêchant les lectures de la messe du jour, le pape a prononcé plusieurs homélies dans lesquelles il a souligné l’humilité et le silence de Jésus lorsqu’il était injustement insulté et accusé.
«Dans les moments difficiles, les moments où le démon se déchaîne – où le berger est accusé en particulier par le Grand Accusateur à travers de nombreuses personnes puissantes – le berger souffre, offre sa vie et prie», a déclaré le pape dans une homélie le 18 septembre.
Mgr Vigano a déclaré que les homélies contredisaient la réponse initiale du pape François de garder le silence et accusait le pape de «mettre en place une subtile calomnie contre moi» lors de la célébration de l’Eucharistie «où il ne risque pas d’être défié par des journalistes».
«Lorsqu’il s’est entretenu avec des journalistes, il leur a demandé d’exercer leur maturité professionnelle et de tirer leurs propres conclusions. Mais comment les journalistes peuvent-ils découvrir et connaître la vérité si les personnes directement impliquées dans un dossier refusent de répondre à des questions ou de publier des documents?», a demandé Mgr Vigano.
Les membres du Conseil international des cardinaux du pape François avaient confirmé dans une déclaration du 10 septembre que «le Saint-Siège est en train de formuler des clarifications possibles et nécessaires» en réponse aux allégations de l’ancien nonce sur le pape.
Junno Arocho Esteves