Simon Lepage-Fournier est, depuis le 3 décembre 2020, président du conseil d’administration du Réseau des Églises vertes. Docteur en théologie, il est agent de pastorale à la paroisse Saint-Eustache du diocèse de Saint-Jérôme. Depuis peu, il occupe aussi, à temps partiel, un poste d’intervenant en soins spirituels dans un CHSLD de Montréal. M. Lepage-Fournier, 38 ans, a répondu aux questions de Présence.
Présence: Que veut apporter le nouveau président du conseil d’administration du Réseau des Églises vertes?
Simon Lepage-Fournier: Il y a quatre projets qui me tiennent bien à cœur.
Pour notre conseil d’administration, il y a d’abord le défi de la représentativité. Quand je suis devenu président, par exemple, nous n’étions que des hommes sur cette instance. Il y a aussi la représentativité œcuménique qui m’apparaît importante. Dans un monde idéal, notre conseil d’administration serait composé de représentants de l’Église orthodoxe, des Églises de la Réforme et de l’Église catholique.
Nous sommes tous de la région urbaine de Montréal. Or, on est un réseau qui a des prétentions nationales. Nous avons des membres dans un nombre croissant de provinces. Des représentants de ces Églises et de ces provinces devraient composer notre CA.
Donc, je vise une diversité hommes-femmes, une diversité confessionnelle et une diversité géographique.
Un autre défi, c’est la mobilisation du conseil d’administration. Nous sommes un petit organisme qui veut rendre de grands services à ses membres. Notre réalité, c’est que nous n’avons que deux employés, notre directrice Erica Follon et son adjointe, Angelina Ferreira. Un de mes objectifs est que notre conseil d’administration ait plus qu’un rôle administratif. Il doit pouvoir se mobiliser afin d’appuyer notre directrice. Erica doit sentir qu’elle a toute une organisation derrière elle.
Je veux aussi bonifier le soutien aux Églises membres. Les communautés qui adhèrent à notre mouvement ont trois grandes préoccupations. Celles de proposer une spiritualité teintée par l’écologie, une sensibilisation de leurs paroissiens aux réalités environnementales et des d’actions concrètes pour la réduction de leur empreinte écologique. Je souhaite que l’on puisse avoir des contacts plus réguliers avec chacun de nos membres afin de les soutenir dans ces démarches.
En somme, je veux que le Réseau des Élises vertes se dote de ressources afin d’être davantage proactif.
Qu’est-ce que votre réseau peut espérer apporter aux Églises canadiennes qui, depuis plus d’un an maintenant, tournent au ralenti?
Un des défis que la pandémie nous pose, c’est que les gens qui s’impliquaient bénévolement au Réseau des Églises vertes ne peuvent plus se présenter dans nos locaux. Et il est aussi vrai que la plupart de nos Églises tournent au ralenti et que certaines ont carrément été fermées à différents moments de l’année.
On ne se le cachera pas, toutes les Églises canadiennes, qu’elles soient membres ou non de notre réseau, sont dans des situations difficiles. C’est pourquoi notre conseil d’administration a décidé de proposer, pour l’année 2021, l’adhésion gratuite. Les églises locales qui voudraient réaliser des économies grâce à des conversions écologiques, on souhaite avant tout les aider. Et on ne veut surtout pas que les frais d’adhésion soit un frein à leur engagement.
J’insiste toutefois pour dire que nous ne sommes pas une entreprise de distribution de services. Nous sommes avant tout un réseau. Et la force d’un réseau, c’est que les membres peuvent partager leurs expériences et leurs outils. Je prends l’exemple de l’église de Saint-Eustache. On a opté pour une conversion des radiateurs à l’huile en radiateurs électriques. On a réalisé des économies intéressantes. On est plus qu’heureux lorsque des gens nous téléphonent pour qu’on leur parle de cette conversion. Multipliez cet exemple par 80, le nombre des églises membres, et vous avez un imposant réseau d’entraide, fort de toutes les expériences de ses parties.
On estime que la crise sanitaire actuelle aura des impacts durables sur l’environnement. Selon vous, les conséquences de cette pandémie planétaire seront-elles positives ou négatives?
J’ai un doctorat en théologie pratique, pas en environnement. Mais j’observe beaucoup. Je vois l’omniprésence des masques jetables. Je constate un repli de la consommation individuelle mais aussi le retour des sacs de plastique. Je reconnais qu’il y a une baisse de l’utilisation du transport en commun, mais aussi du transport, à cause notamment du télétravail. Cette crise aura des impacts positifs et négatifs sur l’environnement.
Prenons le cas du masque jetable. On le sait, cela prend des dizaines d’années, voire davantage, pour que ce masque se décompose. Dans un CHSLD, un membre du personnel doit en utiliser deux par jour. Multipliez cela par tous les employés des CHSLD et on se dirige, à mon avis, vers une petite catastrophe écologique.
Mais en même temps, si on poursuit le télétravail, on obtiendra des bénéfices au-delà de cette crise.
Je veux demeurer positif. Dans cette crise, il y a certainement des enjeux qui peuvent nous permettre de faire des gains. Mais il faudra qu’à la fin de la crise sanitaire, le gouvernement, les entreprises et nous, les citoyens, fassions les bons choix.
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