Coup de tonnerre dans le monde des médias catholiques: le 4 mai, la conférence des évêques états-uniens a annoncé qu’elle procédera à une «réorganisation dramatique» de son département des communications, ce qui mènera à la fermeture des bureaux de Washington et de New York pour l’agence Catholic News Service (CNS).
CNS est l’un des grands joueurs dans la presse catholique internationale. L’agence de presse, propriété de la United States Conference of Catholic Bishops (USCCB), fut fondée en 1920 et compte des clients à travers le monde.
Le bureau de Rome restera ouvert et continuera d’offrir une couverture de l’actualité vaticane et de grands sujets internationaux. À compter du 1er janvier 2023, CNS ne fera plus payer ses clients pour l’accès à son contenu. La couverture du bureau de Rome sera offerte gratuitement à tous les diocèses des États-Unis.
L’annonce de ces changements a été faite au personnel dans la matinée du 4 mai.
Dans un communiqué émis par le Bureau des affaires publiques de la conférence épiscopale, il est question d’un «réalignement important afin de mieux utiliser les ressources confiées à la Conférence par les fidèles d’une manière adaptée à l’environnement de communication actuel».
On y précise que cela aura «malheureusement» un impact sur le personnel.
Le communiqué ajoute que «les bureaux de Catholic News Service à New York et à Washington seront fermés à la fin de l’année, tout comme le bureau des publications de la USCCB. Ces changements, bien que douloureux, permettront aux fonctions restantes – y compris le bureau de Rome de Catholic News Service et du Bureau des affaires publiques – de disposer d’une base plus durable pour effectuer leur travail.»
Par ailleurs, cette réorganisation touchera également les services des affaires publiques, des services créatifs, du marketing et des ressources épiscopales. Sans dévoiler plus de détails, la USCCB précise toutefois que cela mènera au licenciement de 21 employés.
Greg Erlandson, directeur et rédacteur en chef de Catholic News Service, a réagi publiquement en se disant «profondément attristé par cette décision».
«Depuis plus d’un siècle, Catholic News Service est au service de la presse catholique locale, nationale et internationale. Je suis fier du professionnalisme de notre équipe de rédacteurs, journalistes et photographes et de tout ce qu’ils ont accompli», a-t-il déclaré.
Nombreuses réactions
L’annonce avait d’abord fait réagir sur Twitter. L’une des journalistes de l’agence, Carol Zimmermann, avait partagé l’information en début de journée, suscitant une vague de réactions allant de la sympathie à l’outrance.
«Je suis heureuse d’entendre des messages de sympathie de la part des gens au sujet du bon travail de Catholic News Service, a-t-elle gazouillé en après-midi. Je travaille avec des collègues extraordinaires qui couvrent le catholicisme aux États-Unis. Vous pouvez peut-être parler de cette perte à votre évêque. Cela aura un impact certain sur les journaux catholiques américains à travers le pays.»
Un confrère affecté à la couverture nationale à l’embauche du respecté magazine jésuite America, Michael J. O’Loughlin, s’est dit «surpris» et «déçu» de la décision des évêques «d’essentiellement fermer» CNS.
L’ancien directeur de l’agence, Tony Spence, a aussi fait part de sa stupeur. «Je viens d’apprendre que Catholic News Service, la source d’information catholique la plus ancienne et la plus respectée du monde anglophone, sera fermée le 31 décembre, laissant des centaines de clients sans nouvelles catholiques mondiales fiables. Une véritable tragédie.»
Colleen Dulle, journaliste accréditée au Saint-Siège et rédactrice en chef adjointe pour America, estime que la fermeture de CNS par la USCCB ouvre la voie à Catholic News Agency pour devenir la seule agence de presse catholique couvrant l’actualité américaine, ce qui «rappelle la fermeture de la station de télévision des évêques américains après avoir été battue par EWTN». EWTN, un mastodonte médiatique dans le paysage catholique des États-Unis, est le propriétaire de Catholic News Agency et affiche volontiers une approche plus conservatrice.
«Cela a décidément changé le ton des médias catholiques américains, et il en sera de même cette fois», prédit Mme Dulle.
Présence compte parmi les partenaires de CNS depuis sa création en 2015.