Le père basilien Thomas Rosica, une personnalité influente du monde des médias catholiques, est accusé de plagiat.
Dans l’édition du 22 février du National Post, le journaliste Joseph Brean a révélé qu’au fil des années, des textes rédigés par le père Rosica, actuel président-directeur général de la Fondation catholique Sel et Lumière, ont emprunté, sans ajouter les guillemets propres aux citations, des extraits significatifs de textes en provenance de journalistes, d’un cardinal… et même du pape François.
Au lendemain de la parution de cet article, le père Rosica a démissionné du bureau de direction du Collège universitaire Saint-Michael’s de Toronto.
«Ce que j’ai fait est mal et j’en suis désolé», a-t-il réagi de Rome lorsque contacté par le journaliste Joseph Brean.
Thomas Rosica est l’un des porte-parole anglophones rattaché au service de presse du Vatican. Il a participé au récent Sommet sur la protection des mineurs. Il avait été particulièrement actif dans ce rôle en 2013 en marge du conclave qui a élu le pape François, alors qu’il s’occupait de la presse anglophone.
C’est le blogue conservateur LifeSiteNews qui a ébruité l’affaire le 15 février 2019. Une semaine plus tôt le père Rosica a prononcé une allocution à l’Université de Cambridge où il a traité de menteur l’archevêque Carlo Maria Vigano. L’ancien nonce apostolique aux États-Unis a accusé le pape François, dans des lettres publiées notamment par LifeSiteNews, d’avoir sciemment ignoré des accusations d’abus sexuels.
Dans son allocution, diffusée un moment sur YouTube mais retirée depuis, le père Rosica avance plusieurs réflexions sans qu’elles ne soient jamais attribuées à leurs auteurs, a découvert LifeSiteNews. Les auteurs plagiés sont notamment le théologien canadien Gregory K. Hillis, le cardinal allemand Walter Kasper, et le jésuite américain James Martin.
Le père Rosica est régulièrement pris à partie par les animateurs de ce blogue pro-vie. En 2011, le basilien avait déclaré que «des blogues comme LifeSiteNews sont tout particulièrement dangereux quand des prêtres les lisent davantage que les Écritures ou le site du Vatican».
Réaction du père Rosica
«Dans la mesure du possible, j’ai toujours référencé les auteurs et les sources», a indiqué Thomas Rosica à l’agence de presse Présence. «Plusieurs textes ont été préparés rapidement à cause des demandes urgentes des médias. Ils n’ont pas fait l’objet d’un examen approfondi de ma part. Je me rends compte que je me suis beaucoup inspiré des notes compilées ou des éléments que d’autres m’ont partagés.»
«Je regrette sincèrement la situation qui s’est produite et les allégations de plagiat portées contre moi. Je peux vous assurer que pas un cas n’a été fait intentionnellement. J’ai reconnu les erreurs et les ai publiquement reconnues. Je suis vraiment désolé pour ce qui s’est passé», ajoute-t-il.
Contacté plus tôt dans la journée afin d’obtenir ses commentaires, le religieux avait répondu qu’il venait de quitter Rome.
En soirée, il a indiqué avoir «librement soumis [sa] démission» au Collège universitaire Saint-Michael’s de Toronto. «Je ne voulais pas que mes erreurs empiètent sur la gouvernance de l’université et offrent un mauvais exemple aux étudiants, aux éducateurs et au personnel.»
«Nous savons que le plagiat est une erreur, surtout quand il est pratiqué délibérément. Je vous assure que mes actions n’ont jamais été délibérées. Néanmoins, elles étaient erronées», a-t-il reconnu.
«Nous allons continuer notre mission avec courage, humilité et une plus grande sagesse.»
Plus tôt dans la journée, les Jésuites du Canada ont annoncé qu’ils ne remettraient plus au père Rosica le Magis Award, un prix prestigieux qu’on lui aurait décerné lors d’un gala à la fin du mois d’avril.
«Le plagiat est une offense à l’honnêteté intellectuelle», ont indiqué les responsables de la congrégation le lundi 25 février.
Tant aux bureaux montréalais que torontois de Télévision Sel et Lumière, on ne savait pas si la chaîne allait émettre des commentaires officiels sur cette affaire. «Parlez au père Rosica», nous a-t-on répondu.
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