L’organisme catholique Pax Christi international est actuellement en tournée mondiale afin de promouvoir l’Initiative catholique pour la non-violence active dont le but ultime est la publication d’une encyclique sur ce sujet. Au mois de juin, ses représentants se sont arrêtés à Montréal pour rencontrer les communautés religieuses afin de les sensibiliser à ce concept.
Alors que la Syrie est à feu et à sang, que la Corée du Nord et les États-Unis se menacent mutuellement d’une hécatombe nucléaire, Pax Christi international demande au pape François de publier une encyclique sur la non-violence active.
«Cette notion n’est absolument pas développée au sein de l’institution. Elle n’est enseignée ni dans les paroisses, ni dans les séminaires, ni dans les facultés de théologie. Elle est considérée comme une utopie», se désole Greet Vanaerschot, secrétaire générale de Pax Christi international.
En entrevue téléphonique, Mme Vanaerschot avance que cette réalité s’explique parce que l’Église a adopté le concept de la guerre juste. Toutefois, selon elle, les choses changent.
«Au Vatican, certains affirment que ce concept de guerre juste est désuet et ne représente pas une méthode efficace pour faire face à la violence.»
C’est ainsi que la proposition faite au pape François de publier une encyclique sur la non-violence active a trouvé des appuis au plus haut niveau de la hiérarchie ecclésiale. «Nous collaborons avec le Dicastère pour le service du développement humain intégral. Ses représentants nous ont demandé de les aider à mieux comprendre la non-violence active.»
Selon Greet Vanaerschot la proposition faite au pape François de consacrer une encyclique sur la non-violence active, bien que «très très audacieuse», a été bien reçue.
«Jamais nous n’avons entendu quelqu’un nous dire de ne pas avancer avec ce projet.»
Bien plus, le pape lui-même a fait mention de cette notion dans son message marquant la Journée mondiale de la paix en janvier 2017. «Nous sentons qu’il y a un intérêt de la part du pape François. Nous voulons saisir cette opportunité.»
Poursuivre la réflexion
Durant les prochains mois, Pax Christi va poursuivre la réflexion avec des théologiens, des grands penseurs, des personnes et des organisations qui pratiquent les principes de la non-violence active.
«Avec eux, nous voulons présenter une théologie globale et fondamentale de la non-violence active et démontrer son fondement biblique.» Les fruits de leur réflexion seront ensuite rassemblés dans un document qui sera soumis au Vatican afin d’aider à la rédaction d’une éventuelle encyclique.
Au Québec, sortir des cercles catholiques
Au Québec, la proposition de Pax Christi a été bien accueillie par les communautés religieuses qui ont été consultées. Cependant, il y a beaucoup à faire, selon sœur Gisèle Turcot de l’organisme Antennes de paix, membre de Pax Christi international.
«Nous allons faire du chemin là-dessus. Nous allons développer un plan de travail avec l’Assemblée des évêques du Québec, les responsables diocésains de la pastorale sociale, afin de faire cheminer le concept de la non-violence active.»
La religieuse, membre de l’Institut Notre-Dame du Bon-Conseil de Montréal espère que l’encyclique sur la non-violence active sera du même style que Laudato si’, sur l’environnement. «Elle a été universellement acceptée.»
En ce qui a trait à la notion de guerre juste, elle croit que la réflexion doit se faire également avec les organisations non religieuses.
«Au Québec, ce qui réussit généralement, ce sont des initiatives qui n’ont pas une étiquette chrétienne. Nous devons travailler avec des organismes qui œuvrent avec la non-violence active et qui sont pour l’abandon de la théorie de la guerre juste. La réflexion n’a pas beaucoup de chances de progresser ici au Québec si elle est portée uniquement par l’Église catholique», avance-t-elle.
Par ailleurs, sœur Gisèle Turcot espère beaucoup de la publication prochaine du livre sur la non-violence de Dominique Boisvert. «Bien que complètement indépendant de la démarche de Pax Christi, cet ouvrage va nous aider. Nous allons avoir un outil concret d’information sur ce concept. Il va nous éclairer sur le pouvoir que possède la non-violence dans la résolution de conflits.»