Le porte-parole de la Conférence des évêques catholiques du Canada dans le dossier de l’aide médicale à mourir, Mgr Noël Simard, s’est adressé mardi à ses diocésains pour «apporter des corrections» à ses propos rapportés la semaine dernière dans la presse québécoise.
L’évêque de Valleyfield réagissait à un document de ses confrères de l’Alberta et des Territoires du Nord-Ouest stipulant qu’une personne qui demande l’aide médicale à mourir pourra se voir refuser l’accès aux funérailles et au sacrement du pardon.
«Comme la demande de funérailles chrétiennes est d’ordre pastoral, mon approche fut pastorale. Voilà pourquoi je n’ai pas d’abord voulu répondre à une question de permis et de défendu, de oui ou de non», écrit Mgr Simard dans une lettre rendue publique par le diocèse de Valleyfield.
Il rappelle que la question de l’accès aux funérailles pour une personne qui a demandé à mourir ne fait l’objet «d’aucun consensus parmi les évêques canadiens».
Dans un contexte où les archevêques de Montréal et Québec se sont clairement prononcés contre l’idée d’interdire la célébration de funérailles à l’église, des médias généralistes québécois avaient estimé que la position de Mgr Simard était moins tranchée.
«J’ai plutôt dit que si j’avais à parler aux prêtres et aux diacres, aux agentes et agents de pastorale, et aux intervenantes et intervenants en pastorale du diocèse, qui ont à faire face à cette possible demande, je leur conseillerais en premier lieu d’accueillir la demande et de voir avec les parents ou la famille la signification d’une telle demande: pourquoi le défunt voulait des funérailles à l’église, ce que cela signifie pour la famille, etc.», précise-t-il.
S’il insiste pour dire que les funérailles «ne vont pas de soi», il réitère l’importance que «cette démarche d’accueil et de dialogue soit empreinte de compassion et de bonté».
«Il n’est pas question de refuser des funérailles, mais de s’assurer qu’elles soient vécues dans l’éclairage que donne la foi chrétienne, et qu’elles ne servent pas […] à «célébrer le choix de fin de vie d’un malade». Dans un tel cas, cela pourrait devenir un «affront» ou une contestation de la position de l’Église sur l’euthanasie et l’aide au suicide», dit-il, insistant à nouveau pour dire que son approche «est d’ordre pastoral».
Mgr Simard croit que ces situations seront malgré tout plutôt rares. Mais il appelle les fidèles à bien se former et à faire preuve de «prudence et sagesse dans les décisions relatives à la fin de vie».
«Cela exige une véritable écoute de la volonté du Seigneur et la disponibilité à l’accomplir. Et pour les responsables pastoraux, ce peut être l’occasion d’un accompagnement fait de miséricorde et de tendresse, ce que nous avons célébré particulièrement en cette Année jubilaire de la Miséricorde», ajoute-t-il.
L’archevêque d’Edmonton décline notre demande d’entrevue
Invité à commenter les réactions suscitées au Québec par le document des évêques de l’Alberta et des Territoires du Nord-Ouest, l’archevêque d’Edmonton a décliné la demande d’entrevue de Présence.
Le service des communications de l’archidiocèse d’Edmonton a indiqué que Mgr Richard Smith «ne sera pas en mesure» d’accorder une entrevue. Il a toutefois précisé que l’archevêque d’Edmonton – qui fait partie des leaders de l’épiscopat dans l’Ouest du Canada – «note que tous les évêques sont libres de déterminer si des lignes directrices sont nécessaires ou non dans leur propre diocèse». Il faisait ainsi référence au fait que plusieurs évêques québécois ne partagent pas le point de vue de leurs confrères albertains sur cette question.
Mgr Smith a toutefois précisé, toujours via son service des communications, que «tous les évêques sont soucieux d’un accompagnement pastoral approprié et de soins palliatifs adéquats».
Avec des informations de François Gloutnay.