«L’ombre froide» de l’euthanasie se propage, met en garde l’archevêque de Toronto, le cardinal Thomas Collins. Prenant la parole lors du 39e dîner annuel du cardinal à Toronto, le 8 novembre, le cardinal a exhorté les 1600 personnes présentes à lutter contre les tentatives visant à étendre la loi canadienne sur l’euthanasie aux mineurs.
«Le temps est venu de réviser la loi fédérale sur l’euthanasie et la pression est forte pour éliminer les prétendues ‘balises de protection’ qui semblaient [rendre l’aide médicale à mourir] moins terrible», a-t-il déclaré à l’auditoire du Palais des congrès du Toronto métropolitain.
«Une de ces garanties est que l’euthanasie doit être réservée aux adultes. Nous entendons maintenant des arguments selon lesquels le concept d’’adulte’ doit être rendu si élastique que même les mineurs doivent pouvoir avoir recours à l’euthanasie, même sans le consentement de leurs parents. L’ombre froide de l’euthanasie se répand de plus en plus dans notre pays, et nous devons y résister», a déclaré le cardinal.
En décembre, un comité gouvernemental devrait publier un rapport sur l’extension de l’assistance au suicide aux adolescents de moins de 18 ans, aux patients psychiatriques et aux adultes consentants donnant une directive préalable en vue de leur euthanasie au cas où ils deviendraient inaptes à le faire.
Le cardinal a souligné la nécessité d’avoir accès aux soins palliatifs. «Ce n’est pas l’euthanasie, c’est la voie à suivre», a-t-il déclaré. «Quand les gens se sentent seuls et se sentent inutiles et que la vie ne vaut pas la peine d’être vécue, nous devons tendre la main, avec un amour et un soutien concrets. Chaque personne est digne de la vie et de notre amour.»
Le dîner a réuni des invités de divers paliers gouvernementaux, ainsi que Mgr Luigi Bonazzi, nonce apostolique au Canada.
La principale intervention du cardinal Collins portait sur l’importance des soins de santé catholiques, bien qu’il ait également mentionné plusieurs enjeux actuels, dont l’attentat de la synagogue de Pittsburgh, le sort des chrétiens victimes de persécution religieuse au Moyen-Orient, et le scandale des abus sexuels dans l’Église.
«Nous devons toujours être vigilants et continuer avec zèle à éliminer la corruption de l’Église», a-t-il déclaré à propos des abus. «Avant tout, nous devons nous rappeler que la douleur de ce qui a été souffert dans le passé se poursuit dans le présent pour ceux qui ont enduré ce grand mal. Nous ne devons jamais cesser de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour aider toutes les victimes d’abus.»
Dans son discours, le cardinal Collins a qualifié les soins de santé catholiques de «lumière radieuse d’espoir dans cette vallée en larmes». «Dans toute entreprise digne de ce nom, nous devons définir clairement notre identité: qui sommes-nous», a-t-il déclaré. «Cela vaut également pour les soins de santé catholiques. Certains ici présents sont directement engagés dans ce grand travail, mais nous en bénéficions tous, et nous devons tous réfléchir à ce qui en fait ce qu’il est.»
Le cardinal a décrit les soins de santé catholiques comme «spécialement dédiés aux soins des personnes marginalisées». Il a ajouté que deux thèmes centraux aux soins de santé catholiques sont la révérence des personnes et «l’amour sacrificiel des étrangers».
«Le respect pour la dignité de la personne humaine détermine la manière dont nous traitons le début, le milieu et la fin de la vie», a-t-il déclaré. «Nous arrivons tous à la fin de ce voyage de la vie terrestre», a-t-il dit. «Nous sommes destinés à mourir. Mais nous ne devons jamais prendre une vie humaine – une autre ou la nôtre – car ce n’est pas à nous de prendre: nous sommes des intendants, pas des propriétaires, de la vie que Dieu nous a confiée. Avec la tragique introduction de l’euthanasie dans notre pays, nous devons insister pour que nous ne le fassions pas. Précipiter la mort d’un patient est tout simplement mal.»
D’après un reportage du Catholic Register de Toronto
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