Lorsqu’ils en ont la possibilité, les catholiques du Canada devraient éviter d’avoir recours aux vaccins produits par AstraZeneca et Johnson & Johnson, indique la Conférence des évêques catholiques du Canada dans une note datée du 9 mars 2021.
La conférence épiscopale adopte cette posture doctrinale parce que «les vaccins AstraZeneca et Johnson & Johnson utilisent des lignées cellulaires dérivées de l’avortement dans leur développement, leur production et leurs essais cliniques».
«Les vaccins Moderna et Pfizer déjà autorisés au Canada n’utilisent pas de lignées cellulaires dérivées de l’avortement pour leur développement et leur production; cependant, pour certaines procédures d’expérimentation clinique, les fabricants ont fait usage de lignées cellulaires non éthiques», indique la CECC, qui estime néanmoins que ces deux vaccins sont «moralement acceptables» car leur lien avec l’avortement est «extrêmement minime».
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La Note de la CECC sur des préoccupations éthiques relatives aux vaccins contre la COVID-19 autorisés jusqu’à maintenant, qui n’est pas signée, reprend à son compte la position de la Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF) qui a abordé cette question en 2020.
Le dicastère optait pour une approche pragmatique en distinguant les obligations morales des personnes qui mettent au point les vaccins et celles qui les reçoivent. Ainsi, lorsqu’il n’est pas possible de choisir, la CDF jugeait «moralement acceptable» d’avoir recours à des vaccins qui ont utilisé des lignées cellulaires dérivées de fœtus avortés à l’étape de la recherche et de la production.
La CECC profite donc de sa note pour rappeler que recevoir un vaccin relève de la «conscience personnelle» et que choisir de le faire en contexte de pandémie peut constituer un «acte de charité» envers les autres.
Cependant, en tenant compte des vaccins actuellement approuvés au Canada, «il faudrait choisir de recevoir le vaccin Moderna ou Pfizer plutôt que le vaccin AstraZeneca ou Johnson & Johnson», insiste l’organe des évêques canadiens.
«Mais si l’on ne peut choisir le vaccin qu’on reçoit, le vaccin AstraZeneca ou le vaccin Johnson & Johnson (ou tout autre vaccin contre la COVID-19 qui serait officiellement autorisé) « pourront être utilisés en toute bonne conscience en sachant que l’utilisation de ces vaccins ne constitue pas un geste de coopération formelle à l’avortement »», tranche la note en citant la CDF.
En mai 2020, le président de la CECC, l’archevêque Richard Gagnon, de Winnipeg, avait cosigné une lettre à l’attention du premier ministre du Canada, Justin Trudeau, en compagnie de plusieurs leaders religieux. Le document demandait au gouvernement «de subventionner le développement de vaccins qui ne posent pas de dilemme éthique à nombre de Canadiens». Ils redoutaient que des vaccins liés d’une quelconque façon à l’avortement ne viennent poser de «graves problèmes de conscience» à la population.
Sur Twitter, le ministre québécois de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, a fustigé la conférence épiscopale en fin d’après-midi. «Je dénonce vigoureusement cette déclaration de la Conférence des évêques catholiques du Canada. J’invite tous les Québécois à se fier à nos experts et à ceux de partout dans le monde: tous les vaccins que nous administrons sont efficaces», a-t-il écrit.
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