«Évidemment qu’on est déçus», lance l’archevêque Paul-André Durocher, quelques heures après l’annonce, par le premier ministre François Legault, d’un resserrement des mesures sanitaires, y compris pour les lieux de culte.
Mais ce n’est pas la réduction de la capacité d’accueil des églises, à quelques jours de la fête de Noël, ou encore l’imposition du passeport vaccinal qui indispose tant le vice-président de l’Assemblée des évêques catholiques du Québec (AECQ).
C’est plutôt de constater que la situation, au Québec et dans le monde, est «redevenue critique».
«On est déçus que ce maudit virus, avec le variant Omicron, reprenne du poil de la bête. On espérait tellement s’en sortir», dit-il. «Je comprends que le gouvernement ait réagi comme il l’a fait.»
Faire leur part
L’Église catholique au Québec, les diocèses, les paroisses et les fidèles vont «faire leur part», assure Mgr Durocher. Tout comme ils l’ont fait depuis le début de la pandémie, rappelle-t-il. «On a collaboré et on a fait confiance aux autorités civiles qui veillent au bien de toute la société.»
Il reconnaît que l’imposition du passeport vaccinal dans les lieux de culte «vient compliquer la situation pour nous». Il souligne que dans les paroisses, ce sont des bénévoles qui sont responsables de l’accueil des personnes qui participent aux célébrations liturgiques.
«Depuis plus d’un an, ces bénévoles sont présents pour les accueillir et pour s’assurer que toutes les consignes sont suivies. Certains sont déjà très fatigués.»
«Et aujourd’hui, on leur confie une tâche de plus, celle de manipuler des téléphones afin de vérifier la validité des passeports. Ce n’est pas évident.»
«Je ne serais pas surpris que, dans certaines paroisses, des gens disent qu’ils n’en peuvent plus et qu’ils ferment des lieux de culte», dit le porte-parole de l’AECQ.
Non-vaccinés
Mgr Durocher a aussi une pensée pour les personnes qui ne sont pas vaccinées. Il s’attend à ce qu’elles fassent connaître leur mécontentement devant la mesure annoncée hier par le premier ministre québécois. «J’imagine que mon répondeur téléphonique et que ma boîte de courriels seront bientôt remplis de réactions. Et ce n’est pas le gouvernement qui va gérer cette situation», lance-t-il. Mais, l’archevêque croit que «les gens qui choisissent librement de ne pas être vaccinés doivent comprendre que, quand on fait un choix, il faut en accepter les conséquences».
«Je ne peux que les inviter, au nom du bien commun, à aller se faire vacciner».
Réaction du cardinal Lacroix
En milieu de matinée vendredi, l’archevêque de Québec a publié une réaction dans laquelle il ne cache pas son agacement devant les nouvelles mesures.
«Il aurait quand même été souhaitable et plus respectueux d’en parler d’avance avec des représentants des diverses communautés de foi du Québec», a déclaré le cardinal Lacroix. Selon lui, cela aurait pu faciliter la «collaboration» et la «compréhension» dans les milieux religieux.
Tout au long de la pandémie, l’archidiocèse de Québec a souvent laissé entendre que plusieurs catholiques sur son territoire étaient frustrés des diverses mesures sanitaires concernant les lieux de culte imposées au fil des mois.
Le cardinal Lacroix invite tout de même à respecter ces nouvelles mesures mises en place dans l’espoir de limiter les dégâts potentiels d’une nouvelle vague causée par le variant Omicron.
«Malgré notre déception et notre frustration, l’heure n’est pas à la dissidence mais à la solidarité, afin de protéger les personnes les plus vulnérables», a-t-il appelé.
– Avec la collaboration de Philippe Vaillancourt