Le premier ministre François Legault a annoncé une série de nouvelles mesures de confinement lors de son point de presse du 6 janvier 2021. Les lieux de culte devront fermer leurs portes dès le samedi 9 janvier. Seules les funérailles seront autorisées, mais limitées à 10 personnes*.
«On a vu qu’à certains endroits ça a créé des problèmes», a déclaré le premier ministre Legault lorsqu’il a évoqué la situation des lieux de culte. Il n’a cependant ni offert de détail, ni spécifié de quels groupes ou de quels «problèmes» il parlait au juste.
La Table interreligieuse de concertation, qui rassemble des leaders des principaux groupes religieux au Québec afin de parler d’une même voix avec le gouvernement, n’a pas souhaité commenter cette nouvelle fermeture des lieux de culte. «Rien à dire», s’est contenté de répondre Mgr Pierre Murray, le coordonnateur de la Table.
Depuis l’instauration du code de couleurs pour désigner les différentes zones du Québec, tous les lieux de culte situés en zones rouges devaient se limiter à 25 personnes. Comme la majorité des lieux publics, ils ont été fermés lors du Grand Confinement du printemps 2020, dès la mi-mars. Ils ont été autorisés à rouvrir à la fin du mois de juin. Tout au long de l’été, ils devaient se limiter à accueillir un maximum de 250 personnes, selon la capacité de chaque lieu. Tant au printemps que pendant l’été, des leaders religieux – dont l’archevêque de Québec, le cardinal Gérald Lacroix – ont critiqué le gouvernement pour sa manière de traiter les lieux de culte, estimant que ceux-ci avaient joui d’un traitement défavorable par rapport à certains secteurs d’activité.
Pas de surprise
«Je comprends… je ne suis pas surpris», lance au téléphone l’imam Hassan Guillet, aussi membre de la Table interreligieuse de concertation. «Mais je suis quand même attristé par cette annonce.»
«Dans cette crise sanitaire, la priorité, tant pour les politiciens que pour les chefs spirituels, c’est la protection de la vie humaine et de la santé du public. Je comprends donc très bien l’objectif et j’appuie la décision du gouvernement», dit-il.
N’empêche qu’il aimerait bien que le gouvernement reconnaisse que les «lieux de culte font partie de la solution. Ils ne font pas partie du problème».
«On se concentre beaucoup sur la santé physique, c’est bien normal. Mail il y a aussi la santé mentale. Quand les gens affrontent des difficultés, ils se tournent vers une personne ou vers un lieu afin de trouver un peu de réconfort. Je constate que c’est dans nos lieux de culte qu’ils trouvent la sérénité dont ils ont besoin pour passer au travers d’un moment difficile.»
Les mosquées du Québec respecteront-elles les nouvelles mesures édictées aujourd’hui par le premier ministre François Legault?
«Oui, sans aucune équivoque», dit l’imam Guillet. «S’il y a quelqu’un qui ne les respecte pas, ne vous inquiétez pas, il va nous trouver sur son chemin.»
– Avec la collaboration de François Gloutnay
*Mise au point: le premier ministre François Legault a bien parlé d’un maximum de 10 personnes lors de l’annonce du 6 janvier. Mais dès le lendemain, son gouvernement a changé le nombre pour le porter à 25.
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