Après avoir autorisé l’entrée d’un maximum de 10 ou de 25 personnes dans les lieux de culte depuis le début de l’année, les autorités gouvernementales ont pris par surprise bien des leaders religieux en annonçant, le 25 mars 2021, que dès le lendemain, le vendredi 26 mars, tous les lieux de culte pourraient augmenter leur capacité d’accueil en fonction de leur superficie «jusqu’à un maximum de 250 personnes par bâtiment».
Dix jours plus tôt, le premier ministre François Legault s’était pourtant fait catégorique. «La Santé publique nous dit que, dans les lieux de culte, comme les églises, les synagogues et les autres, les gens se connaissent plus. Donc, il y a un risque plus grand de contacts. C’est pour ça que le nombre est à 25, alors que, dans les théâtres et dans les cinémas, c’est 250», avait-il lancé en conférence de presse.
Que s’est-il donc passé entre le 16 et le 26 mars 2021? La réponse se trouve dans une recommandation faite le 23 mars 2021 par le directeur national de santé publique, le Dr Horacio Arruda.
Dans cet avis, qui vient tout juste d’être rendu public par le ministère de la Santé et des Services sociaux, les autorités sanitaires reconnaissent d’abord que «la situation épidémiologique reste sous contrôle», bien que la proportion de variants augmente. Elle serait «passée de 13 à 28 % en moyenne au Québec en 3 semaines».
Mais cela n’empêche pas le Dr Arruda de recommander au ministre de la Santé et des Services sociaux «de rehausser la limite de personnes pouvant être admises dans un lieu de culte (en tant que bâtiment) [NDLR: en référence à une limite qui avait été auparavant autorisée par salle à l’intérieur d’un bâtiment] à un maximum de 250 fidèles, et ce, dans tous les paliers, toujours dans le respect notamment de la distanciation de 2 m, du port du masque de procédure obligatoire et de l’absence de chant par les fidèles à compter du 26 mars prochain».
Trois raisons militent en faveur de cette augmentation rapide, ajoute le directeur national de santé publique dans son avis du 23 mars.
Il y a «l’arrivée prochaine d’une période importante pour la majorité des religions», écrit-il, sans toutefois préciser de quelles fêtes il s’agit. Ces fêtes ou périodes religieuses sont la Pâque juive (du samedi 27 mars au dimanche 4 avril), Holi ou le Festival des couleurs (28 mars), Pâques (4 avril), le début du ramadan (12 avril), Vaisakhi (13 avril) et la Pâque orthodoxe (2 mai).
Le Dr Arruda se dit aussi sensible au fait que l’on autorise déjà les salles de spectacles à accueillir 250 personnes «tant aux paliers rouge, qu’orange et jaune». Après consultation avec les directeurs régionaux de santé publique, il estime que les lieux de culte devraient bénéficier d’une autorisation semblable.
Enfin, l’élaboration, conjointement avec la Table interreligieuse de concertation, «d’un protocole rigoureux pour la fréquentation des lieux de culte» et «l’assurance de son respect par les fidèles», militent en faveur de cet assouplissement.
Dans l’avis qui vient d’être rendu public, le Dr Arruda prévient toutefois qu’«advenant une remontée des cas, la santé publique n’aura d’autres choix que de recommander un retour à des restrictions plus sévères».
C’est bien ce qui est arrivé le mardi 6 avril 2021, soit deux jours après Pâques. Le premier ministre François Legault a décrété qu’à compter du jeudi 8 avril, les lieux de culte dans les régions en alerte maximale (zone rouge) ne pourraient plus accueillir que 25 personnes, soit dix fois moins que le nombre recommandé par le Dr Arruda. En zone orange, le maximum de personnes admissibles dans un lieu de culte était réduit à 100 fidèles. Les cinémas, les salles de spectacles et les théâtres pourront toutefois continuer d’accueillir 250 personnes, avait ensuite indiqué le premier ministre.
La recommandation du 23 mars 2021 du Dr Horacio Arruda compte deux pages. En annexe, le directeur national de santé publique a inséré le texte complet du Protocole interreligieux pour les lieux de culte au Québec.
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