Alors que se tenaient un peu partout au pays des cérémonies en hommage aux 22 371 victimes canadiennes de la COVID-19, plusieurs évêques catholiques québécois ont dû multiplier, le jeudi 11 mars 2021, les interventions publiques afin de se désolidariser des propos émis la veille par la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC) sur la moralité des vaccins approuvés par Santé Canada.
Deux des quatre vaccins actuellement ou bientôt distribués au Canada, «utilisent des lignées cellulaires dérivées de l’avortement dans leur développement, leur production et leurs essais cliniques», a déploré la conférence épiscopale canadienne dans une note déposée dans son site Web.
«Compte tenu du choix de vaccins actuellement approuvés au Canada», ajoute ce document, les catholiques qui habitent «dans une région où l’on peut choisir son vaccin», devraient «choisir de recevoir le vaccin Moderna ou Pfizer plutôt que le vaccin AstraZeneca ou Johnson & Johnson».
Aussitôt après avoir pris connaissance du contenu de cette note, l’évêque de Saint-Jean-Longueuil, qui est pourtant membre du Conseil permanent de la conférence épiscopale canadienne, s’est déclaré indigné par «l’avis émis par la CECC invitant les Canadiens à éviter certains vaccins».
«Nous nous indignons vivement et rejetons toute forme de discours qui mettrait en doute la nécessité ou la moralité de la vaccination que nous considérons comme un acte de charité inspiré du commandement de l’Évangile, aimez votre prochain», ont martelé Mgr Claude Hamelin ainsi que les autres six membres, dont quatre laïques, de l’équipe de direction du diocèse.
Dans l’archidiocèse de Québec, tant le cardinal Gérald Cyprien Lacroix que l’évêque auxiliaire Marc Pelchat ont tenu à se distancer de la note épiscopale qu’ils ont qualifiée «d’inopportune». Le cardinal Lacroix est membre de droit du Conseil permanent de la CECC.
«Le message unique qui aurait dû être véhiculé, c’est que la vaccination est un acte de solidarité et de charité fraternelle. J’invite sans hésitation les membres de l’Église et tous les citoyens à obtenir tout vaccin disponible approuvé par Santé Canada», a déclaré Mgr Pelchat.
L’archevêque de Sherbrooke a mis en garde la population contre l’affirmation de la note de la CECC qui stipulait que «si l’on a le choix entre différents vaccins, il faut toujours préférer et choisir le vaccin le moins lié à des lignées cellulaires dérivées de l’avortement, lorsque c’est possible».
«Je vous invite à vous faire vacciner», a plutôt lancé Mgr Luc Cyr en ajoutant que «je me ferai vacciner peu importe la compagnie d’où [le vaccin] provient».
Sans toutefois mentionner la note de la CECC, l’évêque de Chicoutimi René Guay s’est dissocié publiquement «de toute forme d’opinion mettant en doute la nécessité ou la moralité d’être vacciné».
L’archevêque de Montréal, de son côté, a déclaré que la vaccination «constitue un acte de charité qui tient compte de la nécessité de se soucier solidairement de la santé collective». Rejetant les propos de la CECC, Mgr Christian Lépine a déclaré que «dans le présent contexte d’urgence sanitaire, tout vaccin autorisé pourra être utilisé en toute bonne conscience par les croyants». Mgr Lépine est aussi membre de droit du Conseil permanent de la CECC.
Jeudi, en soirée, c’est l’Assemblée des évêques catholiques du Québec (AECQ) qui a tenu à se distancer des propos de la conférence épiscopale canadienne. «Depuis jeudi matin, les évêques catholiques du Québec interviennent sur la place publique, publient des communiqués et donnent des entrevues dans les médias pour se dissocier du document publié hier par la CECC et pour encourager la population à se faire vacciner», a indiqué son secrétaire général, Mgr Pierre Murray.
Dans le message qu’il a acheminé aux journalistes, Mgr Murray a aussi pris soin d’insérer une «clarification» émise plus tôt dans la journée par la CECC. «La note ne faisait pas référence à et ne remettait pas en question l’efficacité médicale d’aucun vaccin», indique cette clarification qui qualifie toute cette affaire de «malentendu».
La direction des communications de la CECC n’a toujours pas expliqué pourquoi elle avait omis d’envoyer aux médias tant la clarification du 11 mars que la note initiale du 9 mars.
La CECC n’a toujours pas répondu à la question de savoir qui est l’auteur de la note, et si les évêques du Conseil permanent de la conférence épiscopale ont été mis au courant de sa publication avant qu’elle n’apparaisse sur le site Web de la CECC. En guise de réponse, la coordonnatrice des communications de la CECC, Lisa Gall, a redirigé Présence vers la «clarification» de la conférence épiscopale.
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