Depuis le lundi 22 juin 2020, les portes du Musée Marguerite-Bourgeoys et de la chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours, au cœur du Vieux-Montréal, sont de nouveau ouvertes aux visiteurs.
Mais le directeur général, depuis octobre 2018, de ce lieu patrimonial est bien conscient que durant les prochaines semaines, il ne sera guère fréquenté par les touristes venus d’ailleurs, habituellement nombreux à marcher dans chacune des plus vieilles rues de Montréal et à franchir le seuil de sa plus ancienne chapelle.
C’est le défi que tous les musées, peu importe leur grandeur ou leur notoriété, affronteront cette année, reconnaît Jean-François Royal. Devant l’absence de visiteurs en provenance des États-Unis, d’Europe et d’Asie, les institutions muséales devront convaincre leurs propres voisins à quitter leurs espaces de confinement et à «oser» venir les visiter.
M. Royal, qui a présidé durant sept ans le Conseil du patrimoine religieux du Québec, sait par ailleurs que les familles et les individus connaissent peu le patrimoine de leur propre ville et encore moins son patrimoine religieux. Aussi invite-t-il tout particulièrement les Montréalais à visiter cet été le Site historique Marguerite-Bourgeoys, un lieu situé pourtant tout près de chez eux.
«On veut leur permettre de redécouvrir les richesses de leur propre patrimoine», dont la chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours, un lieu rempli d’histoire et de trésors qu’affectionnent les touristes étrangers. «Il est vrai que bien des Montréalais disent l’avoir visitée lorsqu’ils étaient plus jeunes.» Mais ils n’y sont plus retournés depuis un bon moment, concède-t-il.
Quand ils reviendront admirer l’endroit, ils apprendront que ce lieu patrimonial regroupe sous un même toit et dorénavant sous une même appellation – le Site historique Marguerite-Bourgeoys – trois entités, soit une chapelle, un musée et un site archéologique.
Une Marguerite 2.0
Mais le directeur général Jean-François Royal promet davantage aux visiteurs. Il veut que les Québécois et les Montréalais redécouvrent aussi Marguerite Bourgeoys, «une femme qu’il ne connaissent pas tant que cela», dit-il.
Bien sûr, ils savent, l’ayant sans doute appris dans leurs cours d’histoire, que c’est une religieuse et qu’elle a fondé la première école. «Mais leur connaissance s’arrête là.»
Dans la nouvelle exposition permanente qu’offre le musée historique, «on leur montre une Marguerite 2.0».
L’exposition Osez Marguerite! contextualise la fondatrice de la Congrégation de Notre-Dame. «On montre d’où elle vient et on présente l’époque effervescente qu’elle a connue en France, une période où ça bouillonnait d’idées», explique M. Royal.
Marguerite Bourgeoys s’y révèle comme «une femme qui veut changer les choses». Qui veut, par exemple, «faire de l’éducation dans une communauté non cloîtrée, une idée révolutionnaire». On découvre aussi une femme de convictions qui «éduque d’une façon nouvelle, convaincue que l’éducation est libératrice», un concept pour le moins novateur au XVIIe siècle.
C’est aussi une femme de caractère. «Imaginez, à cette époque, effectuer sept fois le voyage entre Montréal et la France, ça relève carrément de l’exploit», dit-il. Et on apprend que Marguerite Bourgeoys est, en Nouvelle-France, «une gestionnaire aguerrie» qui gère les finances de sa congrégation religieuse «de façon précise et méticuleuse».
Ce sont les audaces et les idées nouvelles de cette religieuse, canonisée en 1982 par le pape Jean-Paul II, que la nouvelle exposition Osez Marguerite! met dorénavant en évidence.
«Osez donc venir découvrir cette femme que vous pensez connaître», lance résolument Jean-François Royal aux voisins du Site historique Marguerite-Bourgeoys et aux gens des autres régions qui «oseront» venir à Montréal cet été.
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