Le Chemin pèlerin Monasteriorum devient cette année le 32e parcours dans une liste toujours croissante de chemins de pèlerinage au Québec. Situé au nord du Lac-Saint-Jean, il relie Dolbeau-Mistassini et Saint-Eugène-d’Argentenay grâce à un tracé de 28 kilomètres caractérisé par une nature diversifiée et par la présence des pères trappistes.
« Dans un environnement propice au recueillement, ralentissez le temps en marchant dans les pas des moines cisterciens de Mistassini et découvrez les trois sites où les pères trappistes établirent leurs monastères depuis 1892 », propose-t-on aux marcheurs.
Ce nouveau chemin n’est pas né d’une initiative religieuse. Il s’agit en effet d’un projet du Parc régional des Grandes-Rivières du lac Saint-Jean. Fondé en 2014, celui-ci « agit comme mandataire de la MRC de Maria-Chapdelaine afin d’entretenir, mettre en valeur et promouvoir un réseau de dix secteurs à vocation récréotouristique ».
« On ne s’est pas écartelé. Ce n’est pas si loin de nous que ça », explique Dominique Gobeil, directeur général du parc, qui cherchait un projet « fédérateur ». « C’est une ambition de la MRC Maria-Chapdelaine. Le nord du Saguenay-Lac-Saint-Jean est peut-être le moins développé au niveau du tourisme dans la région. Mais il y a un grand potentiel. »
Le Parc régional des Grandes-Rivières du lac Saint-Jean souhaite mettre en valeur la vaste forêt boréale. « Actif autant en écotourisme qu’en tourisme d’aventure via un circuit touristique de 236 km pour quad et motoneige nommé La Passerelle du 49e, c’est en tourisme religieux que nous nous « commettons » en 2021 avec un nouveau chemin pèlerin », dit M. Gobeil. « On vient rappeler que par le contact avec la nature, la marche, le paysage, on vient reconnecter avec notre histoire. Toujours avec l’idée de donner du sens au paysage. »
Sur les traces des cisterciens
Cette histoire est indissociable de la présence des pères trappistes, qui ont occupé trois lieux différents depuis leur arrivée dans la région à la fin du 19e siècle. C’est pourquoi, dès le départ, M. Gobeil a voulu s’associer aux pères.
« Ils ont très bien saisi et accueilli le projet avec beaucoup d’enthousiasme. Ils devaient être de l’aventure », insiste-t-il.
Le supérieur de la communauté des pères trappistes de Mistassini, Clément Charbonneau, confie que cette demande émanant du Parc était une « surprise ». « On n’aurait pas pu le faire sans eux. Nous n’avons pas les ressources pour ça », convient-il.
Le parcours relie les trois lieux de l’implantation des pères. D’abord Pointe-des-Pères, où le monastère initial de Notre-Dame de Mistassini a été fondé le 10 novembre 1892 par trois moines venus d’Oka. Ensuite le site du deuxième monastère, en pierres, occupé de 1911 à 1980. Enfin, l’abbaye cistercienne où logent les moines aujourd’hui.
Le lancement officiel a eu lieu le vendredi 11 juin, jour de la fête du Sacré-Cœur. À la fin de la pandémie de grippe espagnole, en 1918, les trappistes ont érigé une statue du Sacré-Cœur en guise de reconnaissance d’avoir été épargnés par la maladie. Lorsqu’ils ont quitté leur monastère en 1980, ils ont apporté la statue sur le site de leur nouvelle résidence. « Les frères ont aidé les gens de la région, mais n’ont pas été malades », explique le père Charbonneau au sujet de la statue.
« On a fait la cérémonie de lancement devant cette statue », renchérit M. Gobeil, frappé par la coïncidence historique. « Exactement 100 ans, presque jour pour jour, après le dévoilement de cette statue en 1921. »
Un été pilote
Pour ce premier été, le Parc ne s’est pas donné d’objectif chiffré. On verra comment se déroulera l’expérience, voyant les prochains mois comme une phase pilote. On souhaite également intégrer les réseaux propres au tourisme religieux, ainsi que ceux des marcheurs. M. Gobeil souhaite aussi travailler à l’élaboration d’un passeport du pèlerin qui permettra de recevoir des tampons et de prendre des notes.
« Nous voulons contribuer à construire une expérience de connexion intime avec l’environnement et la communauté. C’est un voyage intérieur qui passe par la lenteur, l’introspection. Ça prend du temps », explique-t-il. « Versus un long sentier de 200 km ou plus, le Chemin pèlerin Monasteriorum se fait en une fin de semaine. C’est digeste et accessible pour plusieurs personnes. »
Selon le père Charbonneau, la démarche spirituelle proposée s’adresse autant aux croyants qu’aux non-croyants. « Il y a un besoin de ressourcement. Tout le monde est accueilli », assure-t-il. C’est d’ailleurs son souhait le plus ardent pour ce projet : permettre aux gens de vivre une expérience spirituelle. « Ce n’est pas un sentier pédestre au sens ordinaire du terme. Mais la démarche appartient aux gens, qui la vivent comme ils le veulent et comme ils le peuvent. »
Il a lui-même profité du projet pour marcher de longs bouts du chemin. Celui-ci se fait essentiellement en terrain plat. Il traverse des lieux historiques, des boisés, des champs et longe la rivière aux Rats. « Pour les marcheurs, c’est de toute beauté. La rivière est majestueuse », se réjouit-il.
L’église de l’abbaye peut accueillir des marcheurs. Elle est ouverte de 4 h à 20 h. Pour le moment, en raison de sa taille, elle doit se limiter à recevoir 50 personnes pour se conformer aux mesures sanitaires.
Faits saillants
- Ouvert de la mi-mai à l’Action de grâce
- Départ de la Maison du Parc régional — inscription obligatoire
- Forfaits disponibles
- Église de Saint-Eugène-d’Argentenay ouverte en journée aux pèlerins
- Hôtellerie bientôt disponible au sous-sol de l’église de Saint-Eugène-d’Argentenay
- Retraite possible à l’abbaye et boutique monastique – non disponible en 2021
Attraits touristiques bénéficiant de l’initiative
- La Véloroute des Bleuets
- Les Halles du Bleuet
- La Maison du Parc régional
- L’économusée de la Chocolaterie des Pères
- L’abbaye cistercienne de Notre-Dame-de-Mistassini
- Le réseau de sentiers pédestres du secteur Pointe-des-Pères du Parc régional
- Deux circuits en BaladoDécouverte relatant l’aventure historique des Pères trappistes au nord du Lac-Saint-Jean
- Le noyau villageois de Saint-Eugène-d’Argentenay dont l’église de l’endroit sera ouverte aux pèlerins pour se recueillir mais également pour y loger