Les évêques catholiques du Québec ont récemment échangé sur la possibilité d’ordonner des hommes mariés à la prêtrise. C’est ce qu’a révélé le vicaire général de l’archidiocèse de Québec, Mgr Marc Pelchat, lors d’une soirée consacrée à l’avenir de l’Église de Québec.
«Les regroupements des paroisses seront complétés en janvier 2019. Mais ce n’est pas une solution au manque de prêtres, puisque nous en manquons déjà. Lors d’une plénière des évêques à huis clos, il a été question de l’ordination des hommes mariés, d’un certain âge et dont l’engagement ecclésial est éprouvé. C’est une réflexion importante que nous avons en ce moment», a-t-il indiqué le 14 mars lors d’une soirée consacrée à la situation de l’Église de Québec
Près de 80 personnes – toutes âgées – ont pris part à l’événement qui se tenait au Montmartre canadien.
«La situation des églises continue de se transformer. Dans la dernière décennie, il y a eu une baisse significative de la demande de sacrements, incluant même le rite des funérailles. L’Église est devenue comme un vestige du passé, destinée à être marginalisée. Les fidèles encore attachés croient qu’il y a encore une Bonne nouvelle à partager, mais ça devra se faire de manière différente. Nous devrons être persévérants», a exprimé Mgr Pelchat.
Des laïcs à la rescousse
La soirée, organisée par le Parvis de Québec, a permis aux gens de poser quelques questions à celui qui a longtemps été doyen de la Faculté de théologie et de sciences religieuses de l’Université Laval, notamment sur la participation des laïcs à la vie de l’Église.
«Nous entendons de plus en plus l’appel à se mettre en route et à s’engager dans un mouvement de conversion pastorale, incluant nos structures, jusqu’à renverser la posture ecclésiale que nous avons connue. Je n’ai pas été formé pour l’Église d’aujourd’hui, mais il faut s’ajuster», a affirmé l’évêque auxiliaire de 67 ans.
Mgr Marc Pelchat a fait remarquer que l’Église traditionnelle plaçait les fidèles en position de spectateurs, de consommateurs. «Il y a des communautés presque éteintes… Il faut changer cette façon de faire. On croit qu’on pourra reconstruire l’Église, même si elle est plus humble, pour annoncer la mission du Christ. Le tournant missionnaire date de janvier 2016, avec la mise sur pied de cellules d’évangélisation, basées sur la Parole, l’eucharistie et la recherche du bien commun. C’est en train de se bâtir, mais c’est embryonnaire. On sent que beaucoup de réponses vont venir du terrain», a-t-il évalué.
«Nous nous demandons tous comment devenir missionnaires dans un Québec en transformation, qui a rompu ses liens avec l’héritage catholique et cherche partout ailleurs ses repères. La plupart des Québécois considèrent le clergé discrédité par les scandales sexuels… Nous avons senti le besoin de partager en toute franchise la situation», a-t-il poursuivi.
L’enjeu du diaconat féminin n’est pas passé sous silence. Mgr Pelchat a souligné que le statu quo dans le dossier de la place des femmes dans l’Église est intenable. Il a rappelé que le pape a mandaté un groupe de travail sur cet enjeu. «Mais c’est le pape qui prendra sa décision en faveur ou non du diaconat féminin», a-t-il mentionné.
Mis à jour à 16 h 14 le 3 avril 2018: précision dans le dernier paragraphe.