L’action collective contre l’archidiocèse de Montréal est dorénavant close. Le vendredi 6 juin 2025, le juge de la Cour supérieure Donald Bisson a prononcé le jugement de clôture dans cette affaire liée aux agressions sexuelles commises par des prêtres depuis 1940.
Dans ce jugement, on apprend que l’archidiocèse de Montréal a versé, dès novembre 2023, un montant de 14 808 820 $ dans un fonds de règlement. Cette somme a d’abord été amputée des frais administratifs ainsi que des honoraires des avocats, puis a été bonifié par des intérêts bancaires (plus de 165 000 $). C’est finalement un montant de 12 148 999 $ qui aura été distribué aux victimes de prêtres montréalais, indique le juge Bisson.
Le jugement de clôture précise ensuite que 108 victimes ont reçu des indemnisations allant de 29 000 $ (l’indemnisation de base) à 204 000 $.
Ces montants sont accordés selon divers critères dont l’âge des victimes, la nature des gestes reprochés et leur répétition. Seize victimes ont reçu la plus haute indemnisation (sept fois l’indemnisation de base), tandis que 21 victimes ont obtenu 146 000 $, soit cinq fois l’indemnisation de base.
Au moment de la publication du jugement de clôture, toutes les victimes avaient reçu leur chèque d’indemnisation ainsi qu’une lettre d’excuses signée par l’archevêque de Montréal.
Rapport d’adjudication
C’est la juge à la retraite Danielle Grenier qui a été nommée responsable d’évaluer les 121 réclamations reçues.
Dans son rapport, elle explique qu’une réclamation a été retirée en cours d’adjudication et qu’au terme de son évaluation, elle en a rejeté 12 autres.
L’adjudicatrice salue «le courage de tous les réclamants et réclamantes qui m’ont fait confiance en n’hésitant pas à partager des pans de leur histoire et en m’informant des conséquences des abus sur leur vie».
Dans un tableau anonymisé des réclamations admissibles annexé à son rapport, la juge Grenier a masqué les noms des agresseurs. Seuls les noms de six prêtres ou ex-prêtres ayant déjà été reconnus coupables «dans le cadre d’un processus criminel», ont été publiés.
Le nom de Brian Boucher, ce prêtre montréalais qui a été condamné en 2019 à huit ans de réclusion, apparaît quatre fois dans ce tableau qui compte 108 lignes et qui révèle, à la droite du numéro des victimes, l’année de leur première agression. Seules deux ont dénoncé des violences subies durant les années 1940. Dix réclamants ont toutefois déclaré avoir été abusés entre les années 2000 et 2019.
Lettre pastorale
Malgré plusieurs demandes, l’archevêque de Montréal Christian Lépine a refusé de commenter ce jugement qui vient mettre un terme à cette action collective initiée il y a six ans. Mais il a fait savoir à Présence qu’il prépare une lettre pastorale à ce sujet. Elle sera publiée d’ici la fin du mois de novembre.
Ce matin même, Mgr Lépine a annoncé la création d’un nouveau Service diocésain de déontologie qui va dorénavant rassembler les divers intervenants qui se consacrent à la prévention des abus, à la formation du personnel pastoral et à la réception des plaintes. C’est l’avocate et canoniste Gabrielle Bélanger qui en est la directrice depuis le début du mois d’octobre.
«Ce nouveau service s’inscrit dans cet élan de vérité et d’espérance, afin que nos communautés soient toujours davantage des lieux sûrs, accueillants et porteurs de vie», a déclaré l’archevêque qui ajoute reconnaître «avec humilité les blessures profondes que les abus ont causées et l’impact qu’ils ont eu sur la confiance envers notre Église».








































