Dès le lundi 20 décembre 2021, quiconque voudra entrer dans une église, une synagogue ou une mosquée au Québec devra détenir un passeport vaccinal.
Au début d’une conférence de presse tenue en début de soirée le jeudi 16 décembre, le premier ministre François Legault a annoncé un resserrement des mesures sanitaires pour les rassemblements privés, les milieux d’enseignement, les restaurants, les cinémas, les commerces, les activités publiques essentielles et les lieux de culte.
«Je n’ai pas de bonnes nouvelles à vous annoncer», a-t-il d’abord lancé avant d’énumérer une longue série de lieux et de restrictions.
Pour les églises et les lieux de culte, «on va réduire la capacité à 50 %», a-t-il décrété, tout en précisant que les grands lieux de culte ne pourront plus accueillir qu’un maximum de 250 personnes. Un communiqué de presse du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) a précisé, peu après la conférence de presse, que les personnes présentes «doivent demeurer assises».
«On va mettre en place, dans les églises et les lieux de culte le passeport vaccinal, comme c’est le cas dans les restaurants», a ensuite déclaré le premier ministre. Là encore, le communiqué de presse du MSSS a ajouté un élément qu’il n’a pas mentionné. Pour les mariages et les funérailles, il sera possible de «tenir une cérémonie sans passeport vaccinal avec un maximum de 25 personnes».
Tensions
«Mon téléphone n’arrête pas de sonner depuis l’annonce du premier ministre», confie Louis Bourque, le directeur général de l’Association d’Églises baptistes évangéliques au Québec (AEBEQ). «Ça réagit très mal. Bien des Églises redoutaient que, tôt ou tard, les autorités allaient exiger le passeport vaccinal. Aujourd’hui, on leur dit que les non-vaccinés ne pourront plus fréquenter un lieu de culte.»
Il explique qu’il va «réunir demain» les membres de son association afin de prendre position sur cette nouvelle exigence.
«Va-t-on organiser une réaction? Je ne sais pas. Les Églises qui ne veulent pas imposer le passeport vaccinal vont-elles fermer leur lieu de culte et retourner à des célébrations sur Zoom?» «C’est trop tôt pour me prononcer», confie le pasteur Bourque qui indique que plusieurs dirigeants seront mal à l’aise de servir «deux classes de citoyens, les vaccinés et les non-vaccinés».
Il raconte que certaines Églises membres de l’AEBEQ, afin de protéger les membres de leurs communautés, ont déjà opté pour la tenue de deux célébrations distinctes, une pour les personnes doublement vaccinées, une autre pour les non-vaccinés. «Avec cette méthode, on ne privait personne», dit-il. Il craint qu’en exigeant le passeport vaccinal, «cela va priver les gens de leur droit de se réunir et de leur droit de pratiquer leur foi».
Santé publique
Au moment de publier ces lignes, le coordonnateur de la Table interreligieuse de concertation, Mgr Pierre Murray, n’avait pas encore réagi aux annonces du premier ministre Legault. C’est que depuis 19 h, il discute, avec des responsables de la Santé publique, des nouvelles règles que les lieux de culte devront observer dès lundi prochain.