Disponible sur le web et en version imprimée, la brochure Parlons laïcité!, que vient de publier la Ligue des droits et liberté (LDL), plaide en faveur d’une laïcité respectueuse des droits humains et déplore que le gouvernement fasse «fausse route» dans ce dossier.
Dans sa brochure, la LDL explique d’abord que la laïcité repose sur deux principes que sont la séparation de l’Église et de l’État et la neutralité religieuse de l’État.
Mais lorsqu’un gouvernement adopte des lois «qui empêchent certaines personnes d’exercer une fonction ou une profession en raison de l’expression de leurs croyances religieuses, il institue une discrimination directe qui est en contradiction avec le principe de neutralité religieuse de l’État, et donc, avec la laïcité elle-même», observe l’organisme.
Droits des femmes
Dans la Loi sur la laïcité de l’État, adoptée en 2019, une telle discrimination est clairement énoncée. Cette pièce législative vient «restreindre les droits de certaines femmes, en particulier les femmes musulmanes qui portent le voile», estime la LDL.
Elle est aussi présente dans le projet de loi no 94 adopté le 30 octobre 2025. La nouvelle Loi visant notamment à renforcer la laïcité dans le réseau de l’éducation et modifiant diverses dispositions législative étend maintenant l’interdiction du port de signes religieux à l’ensemble du personnel présent dans les établissements scolaires, et non seulement au personnel enseignant.
La LDL estime ces interdictions vestimentaires, qui ciblent directement les femmes musulmanes, dénotent «une forme particulièrement pernicieuse de colonialisme et de paternalisme» de la part du gouvernement.
«Prendre pour acquis que le voile est imposé aux femmes, et qu’elles le portent par coercition, est non seulement erroné, mais constitue l’héritage d’une vision colonialiste du monde occidental sur le monde musulman», lit-on dans la brochure Parlons laïcité!
Laïcisme
La notion de laïcité, expliquent ensuite les auteurs de cette brochure pédagogique, n’implique aucunement l’absence d’expression du religieux dans l’espace public.
Cette «idée fausse», selon la LDL, est propagée par les tenants du laïcisme qui cherchent à «éliminer les expressions religieuses de l’espace public et à restreindre les manifestations personnelles (vêtements, symboles, pratiques) des appartenances, convictions et croyances religieuses».
Le gouvernement de François Legault fait «fausse route», conclut la LDL
«Non seulement ces politiques vont à l’encontre d’une véritable laïcité de l’État, mais elles instrumentalisent la notion même de laïcité pour déroger aux Chartes québécoise et canadienne aux dépens d’une partie de la population du Québec.»
Aussi l’organisme demande-t-il aux citoyens et aux organisations qui défendent la laïcité de «s’opposer fermement aux politiques discriminatoires du gouvernement actuel et à toute loi qui, au nom d’une conception falsifiée de la laïcité, s’attaque aux Chartes et aux droits qu’elles énoncent».
Enfin la LDL dit s’inquiéter des propos récents du ministre responsable de la Laïcité, Jean-François Roberge, sur l’interdiction des prières de rue et le port de signes religieux par le personnel des CPE. De telles mesures, si elles sont adoptées, iront «à l’encontre d’une véritable laïcité de l’État», avertit l’organisme.








































