C’est sous le thème «Vous êtes la voix des chrétiens persécutés» que l’Aide à l’Église en détresse (AED) a marqué le Mercredi rouge du 19 novembre 2025, avec des églises illuminées en rouge pour sensibiliser aux persécutions subies par les chrétiens dans le monde et leur témoigner sa solidarité.
«Le droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion – protégé par l’article 18 de la Déclaration universelle des droits de l’homme – n’est pas seulement menacé, il est en train de disparaître dans de nombreux pays», constate Regina Lynch, présidente du comité exécutif de l’AED au niveau international.
Dans son rapport sur La liberté religieuse dans le monde 2025, portant sur la période allant de janvier 2023 à décembre 2024, l’organisation a examiné la situation dans 196 États et révèle de «graves violations» dans plusieurs d’entre eux.
Selon le document, l’autoritarisme constitue la principale menace à la liberté religieuse dans 52 pays, suivi par l’extrémisme religieux dans 25 autres. Le nationalisme est en cause dans six cas, tandis que la criminalité organisée représente le principal facteur de répression dans trois pays, dont le Mexique, où des prêtres sont assassinés pour avoir dénoncé les cartels de la drogue.
L’Afrique et le cas du Nigeria

L’étude fait aussi état de la détérioration de la liberté religieuse en Afrique. «La violence djihadiste au Sahel et en Afrique de l’Ouest est devenue un phénomène de plus en plus complexe et c’est le cas du Nigeria, du Mali et du Burkina Faso», commente Mario Bard, agent d’information au bureau canadien de l’AED.
Il évoque l’activité de groupes djihadistes dans le nord du Nigeria, qui ciblent les communautés chrétiennes et contribuent à l’effondrement des structures sociales locales.
M. Bard mentionne par ailleurs une montée de la violence des bergers peuls (Foulani) vis-à-vis des agriculteurs, dont la majorité sont des chrétiens. Il y a quelques années, Ignatius Kaigama, l’ancien archevêque de Jos dans le nord du Nigeria, rapportait à l’AED que ces bergers qui luttaient à coup de bâtons contre les paysans, étaient désormais armés de fusils, de kalachnikov, raconte l’agent d’information.
Le rapport indique que les raisons religieuses n’expliquent pas elles seules la violence au Nigeria. Il pointe également les raisons socio-économiques, la corruption, le manque d’éducation, etc. «Oui, il y a un jihad et on ne peut pas le nier, mais il faut tenir aussi compte de la situation socio-économique. Pour moi, c’est une dimension qui est nécessairement à prendre en compte», suggère M. Bard.
Dans le contexte de violences religieuses au Nigeria, le 17 novembre dernier, des individus armés ont enlevé le père Bobbo Paschal, curé de la paroisse St. Stephen, à Kaduna, et auraient tué «le père d’un autre prêtre». L’AED exprime «une profonde inquiétude» et rappelle qu’au Nigeria, les populations restent victimes de la criminalité, de violences intercommunautaires, de terrorisme organisé et «des discriminations ciblant directement les communautés chrétiennes.»
«Dans le nord-est, des groupes extrémistes armés comme Boko Haram et l’État islamique en Afrique de l’Ouest (EIAO) continuent de terroriser les populations. Dans la ceinture médiane, des fidèles sont tués et des églises incendiées», ajoute l’AED dans son communiqué.
Situation de la liberté religieuse au Canada
Le rapport sur La liberté religieuse dans le monde 2025 ne désigne pas des États comme le Canada pour des cas de persécutions religieuses, mais il souligne plutôt des choix politiques et juridiques, qui privilégient le laïcisme au détriment de la liberté de religion. «Pour nous, c’est un indicateur de changement culturel. Selon nous, ça donne lieu à divers actes de discrimination et remet en question les limites de la laïcité, c’est quelque chose qui est préoccupant », admet M. Bard.
On observe également dans le Canada anglophone une certaine intolérance à l’égard du fait religieux, poursuit-il. Or, il y a une dizaine d’années, le religieux bénéficiait d’un certain respect. Aujourd’hui, des gens seraient même surpris d’entendre parler de persécutions religieuses, convaincus qu’elles n’existent plus ailleurs dans le monde. Cela suppose que le sujet demeure largement méconnu, estime M. Bard.
CNEWA face aux persécutions des chrétiens
L’Association catholique d’aide à l’Orient (CNEWA) qui est présente en Éthiopie, en Érythrée et au Moyen-Orient, avec un bureau régional en Inde, à Jérusalem et en Europe de l’Est se dit aussi préoccupée par les persécutions des chrétiens. Adriana Bara, directrice nationale de CNEWA Canada, estime que le christianisme est attaqué de toutes parts.
«Les chrétiens sont persécutés partout. À l’Est de l’Europe, du fait de la guerre en Ukraine, on apprend là-bas que des chrétiens sont tués par des chrétiens. Dans le reste du monde, nous sommes aussi persécutés indirectement à cause de la laïcité et d’autres priorités qui font que le christianisme est mis de côté», fait remarquer Mme Bara.
Elle s’inquiète également du sort du christianisme au Moyen-Orient où la situation des chrétiens reste critique. «On a un bureau à Beyrouth et notre directeur est en charge de la Syrie, de l’Égypte, du Liban et de l’Irak. Dans tous ces pays, surtout en Syrie, les chrétiens sont victimes des attaques», affirme Mme Bara, qui avoue sa tristesse devant toutes les persécutions.
«Nous sommes là pour aider du mieux que nous le pouvons avec notre cœur, avec nos prières et avec notre aide grâce à la générosité des citoyns du Québec et du Canada», assure la directrice nationale de CNEWA.
Activités du Mercredi rouge
Dans le cadre du Mercredi rouge, une soixantaine d’activités sont prévues dans 47 lieux différents, à travers tout le Canada, de Vancouver à St. John’s. Le mercredi 19 novembre, une messe présidée par Mgr Christian Lépine a été célébrée à la cathédrale Marie-Reine-du-Monde, à Montréal, en mémoire des chrétiens persécutés, notamment des personnes déplacées et réfugiées.
Parmi les activités, on souligne aussi celles qui sont organisées, du 17 au 23 novembre, dans le secteur des Vallées dans l’archidiocèse de Sherbrooke. Elles sont axées sur des prières et se dérouleront dans plusieurs églises du secteur.
Voir aussi
Présence, Liberté religieuse dans le monde: le Canada et le Québec sous observation, 21 octobre 2025.








































