En prenant connaissance le 10 janvier des propos du ministre Jean-François Roberge sur le programme Éthique et culture religieuse (ECR), l’enseignant Marc Chevarie a eu trois réactions.
«J’ai d’abord reçu tout un choc en lisant les journaux», dit ce professeur qui est aussi depuis peu président de l’Association québécoise en éthique et culture religieuse.
«Notre association existe depuis 10 ans», soit depuis l’implantation du cours ECR. «On aurait souhaité que le ministère de l’Éducation entre directement en dialogue avec nous parce que nous pensons être les premiers concernés par ce cours. Nous l’enseignons, nous le vivons sur le terrain au quotidien.»
La dernière fois que le ministère a consulté son association, qui regroupe aujourd’hui quelque 200 enseignants, principalement de niveau secondaire, qui donnent le cours ECR, c’était en 2011, déplore-t-il. «Cela concernait la progression de l’apprentissage dans ce cours» qu’on venait tout juste d’implanter en milieu primaire et secondaire.
«Nous n’avons pas du tout été consultés. On a appris le changement par la voie journalistique. C’est un peu désolant», lance Marc Chevarie, enseignant au secondaire depuis maintenant 32 ans.
Le choc passé, il s’interroge sur le sens même de l’annonce faite par le ministre de l’Éducation. «Je suis encore perplexe. Dans les articles sur le projet du ministre, on utilise des termes en opposition les uns aux autres.»
Dans certains médias, on indique que le ministre veut réviser le programme. Dans d’autres, on précise qu’il souhaite l’abolir.
«Réviser, c’est prendre une distance critique, analyser, questionner et, au besoin, modifier», dit le président de l’AQECR. «Alors qu’abolir, cela signifie que la table est déjà mise.»
Choqué, puis perplexe, Marc Chevarie ne cache dorénavant plus sa déception.
«L’immense majorité des enseignants en Éthique et culture religieuse accorde une grande importance à la culture religieuse qui est une réalité incontournable», estime-t-il.
«C’est incontournable car 80% de l’humanité se réclame aujourd’hui d’une tradition religieuse.»
«Si la société actuelle n’est pas capable d’entrer en dialogue, y compris sur le terrain du religieux, quel avenir cette société aura-t-elle?»
Le président de l’AQECR a bien l’intention de poser prochainement cette question au ministre de l’Éducation, notamment durant le mois de février lorsque les intervenants du monde de l’éducation seront invités à «exprimer leurs opinions et échanger avec différents experts» sur le futur programme ECR.
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