Les membres du conseil municipal de Joliette ainsi que les autorités religieuses ont réservé ces dernières heures un «magnifique accueil» à deux invités de marque, raconte La Presse du mardi 26 mai 1925, il y a un siècle.
La veille, au milieu de l’après-midi, c’est le 6e supérieur général des Clercs de Saint-Viateur, le père François-Michel Roberge (1866-1941), qui s’est rendu au séminaire de Joliette, un établissement qu’il a dirigé avant de se rendre en Europe.
Le père Roberge, né à Saint-Cuthbert, a été élu à la tête de cette congrégation internationale en 1923.
Un élève du séminaire a prononcé le discours de bienvenue qui est reproduit en première page de La Presse.
«Dans le séminaire de Joliette, vous êtes chez vous à plus d’un titre», dit-il d’abord au religieux qui habite maintenant en Belgique.
«En franchissant le seuil de cette maison où vous avez vécu longtemps comme élève, professeur ou comme supérieur, sans doute vous avez ressenti la grande sympathie des choses.»
«Sur tous les murs se dessinait le tableau de vos gestes d’autrefois. Tout redisait vos souvenirs. Les murs parlent, dit-on, mais ils ne sont pas toujours discrets. Ils disent parfois des paroles profondément touchantes quand ils évoquent toute une vie de dévouement dont ils restent les témoins émus.»
«Vous venez vers nous comme le supérieur général de la communauté des Clercs de Saint-Viateur. Laissez-nous vous dire la fierté qui vibre en nos âmes quand nous songeons à l’honneur qui revient au Canada de votre haute dignité, car vous êtes le seul Canadien qui occupe en Europe le poste élevé de supérieur général d’une congrégation.»
Un peu plus tard, c’est le délégué apostolique au Canada et à Terre-Neuve Pietro di Maria qui fit «son entrée sur les terrains de l’évêché» de Joliette.
Le reportage raconte que le représentant du pape «a fait le voyage de Montréal à Joliette en automobile dans la magnifique berline de J.-M. Léveillé», un marchand local.
Durant son bref séjour, Mgr di Maria doit notamment bénir la pierre angulaire de la nouvelle aile du séminaire de Joliette et rendre visite à différentes institutions religieuses de la municipalité.
L’ambassade de France au Vatican
L’ambassade française au Vatican sera maintenue, annonce à la une La Presse du mardi 26 mai 1925, il y a 100 ans.
Pour le quotidien montréalais, il faut voir dans ce geste un «acte propitiatoire» [une offrande pour apaiser un péché ou obtenir un pardon] du gouvernement Painlevé «tant pour le Vatican que pour l’électorat».
(Paul Painlevé a été président du Conseil de la République française d’avril à novembre 1925.)
«On se rappelle que le prédécesseur de Painlevé, le socialiste [Édouard] Herriot, avait voulu abolir l’ambassade et que cette détermination avait été la cause d’une grève d’écoliers en Alsace et de manifestations antipathiques au gouvernement dans différentes parties de la France», note le journal.
«Les évêques français ripostèrent et Herriot dut s’incliner devant les protestations ce qui amena la chute de son cabinet.»
Pour l’auteur de cette dépêche publiée par La Presse, il ne fait aucun doute que «Painlevé veut s’attirer la sympathie des catholiques» lors des prochaines élections.