Le religieux Jean Roudy Denois, actuel vicaire général, modérateur de la curie et responsable du Service des ressources humaines du diocèse de Saint-Jean-Longueuil, «fait actuellement l’objet d’une plainte pour des faits survenus en France entre 2013 et 2014», vient d’annoncer l’évêque Claude Hamelin qui indique aussi le «relever temporairement de toutes ses fonctions pour la durée du processus d’enquête».
Le religieux d’origine haïtienne aurait porté «atteinte à l’intégrité sexuelle d’une femme majeure», selon ce qu’a pu apprendre Mgr Hamelin.
Cette dernière semaine, le prêtre Denois participait en France à une rencontre internationale et devait revenir au pays le mardi 22 septembre. Il est toutefois demeuré là-bas où «il doit être entendu sous peu par la Gendarmerie nationale», a aussi révélé Mgr Hamelin.
D’origine haïtienne, ce religieux est membre de la Société des prêtres de Saint-Jacques, une société missionnaire établie dans la commune de Guiclan en Bretagne. Ses membres œuvrent en Haïti, au Brésil et au Canada.
Au service d’une paroisse du diocèse de Saint-Jean-Longueuil depuis 2018, le père Jean – comme tous l’appellent au diocèse – a été nommé vicaire général en 2020.
C’est un évêque diocésain «profondément troublé» qui a annoncé hier cette nouvelle à tout son personnel. Mgr Claude Hamelin a déclaré souhaiter «que les faits et les circonstances de cette plainte soient rapidement établis afin de clarifier la situation et que justice soit rendue pour toutes les personnes impliquées dans cette affaire».
«Nous avons demandé à la Société des prêtres de Saint-Jacques que la victime soit assistée et accompagnée d’une manière témoignant de la compassion pastorale attendue dans de telles circonstances», a indiqué Yvon Métras, secrétaire général du diocèse. «Et nous avons rappelé à la Société que, dans le respect du principe juridique de la présomption d’innocence, le père Denois a le droit d’être entendu, défendu et accompagné.»
Yvon Métras, qui est aussi responsable diocésain du dossier de la protection des personnes mineures et vulnérables, assure qu’il n’a reçu «aucune information indiquant que des événements semblables aient pu être commis ici» par ce religieux.
De plus, dès son arrivée au diocèse, une «lettre d’idonéité» signée par le supérieur de sa société missionnaire a été remise à l’évêque d’alors du diocèse de Saint-Jean-Longueuil. Ce document officiel précise au diocèse qui l’accueille qu’un prêtre ou un religieux «n’a jamais été sous le coup d’une peine canonique» et «n’a jamais manifesté dans le passé des comportements qui laisseraient entrevoir un rapport non indiqué avec des mineurs ou avec des adultes».
«Notre diocèse s’est engagé depuis de nombreuses années à reconnaître que le harcèlement psychologique ou sexuel, la violence et la discrimination constituent des risques pour l’intégrité de la personne et qu’en résultent des dommages physiques, psychologiques, spirituels, organisationnels et sociaux», ajoute M. Métras. «Nous nous engageons à combattre ces comportements en appliquant une politique de ‘tolérance zéro’ à l’égard de ces situations.»
Jusqu’à la conclusion des enquêtes en cours, il indique que «le diocèse et ses représentants ne formuleront pas d’autres commentaires» sur cette affaire.
Appui aux communautés
Hier, mardi, l’évêque Claude Hamelin a réuni tout son personnel diocésain dans les bureaux de Longueuil et a acheminé d’urgence une lettre aux responsables de toutes les paroisses de son diocèse.
Il dit souhaiter que «le processus d’investigation entamé fasse toute la vérité sur les événements reprochés» parce que «c’est ainsi que la justice sera rendue à toutes les personnes impliquées dans cette affaire».
Pour que [le père Jean] «puisse se rendre totalement disponible aux enquêteurs des autorités canoniques et judiciaires, le supérieur de sa communauté et moi-même lui avons demandé de demeurer sur le territoire français pour la durée des enquêtes le concernant», a-t-il aussi expliqué.
Il assure les responsables des communautés paroissiales – ce diocèse compte 18 unités pastorales – que de l’aide leur sera offerte pour faire face «aux contrecoups que cette nouvelle engendrera dans vos milieux».
«Si la prudence nous demande d’attendre les conclusions des démarches en cours avant de porter un jugement définitif sur la situation, les répercussions du dévoilement de ces allégations nous touchent dès maintenant. Dans les prochains jours, je vous assure de ma disponibilité pour vous écouter, vous supporter et vous accompagner en cette période marquée par des sentiments où se mêlent découragement et incompréhension.»
«Puisque vous serez les premières et les premiers à recevoir et à entendre des réactions de la part de nos diocésaines et diocésains, je vous demande de développer une attitude d’écoute et de réelle empathie envers les personnes qui s’adresseront à vous», écrit Mgr Claude Hamelin qui leur répète que «nous sommes tous appelés à prendre soin les uns des autres».