C’est en grande partie parce qu’il cumulait des déficits annuels de 100 000 $ par année que le Musée de sainte Anne, attenant à la basilique de Sainte-Anne-de-Beaupré, restera définitivement fermé. Mais aussi parce que sa fermeture permettra à l’équipe de direction du sanctuaire de se concentrer sur sa mission première: accueillir les pèlerins.
«On veut centrer notre énergie à la basilique. C’est notre moteur principal. On veut s’occuper de notre monde», explique Assunta Bouchard, vice-rectrice du sanctuaire.
Selon elle, le musée enregistrait des déficits annuels de 100 000 $ depuis au moins 2010. Mais le musée perdait déjà de l’argent auparavant, si bien que sa fermeture aurait été envisagée depuis quelques années.
Fermé pendant la période hivernale, le musée rouvrait habituellement avec le début de la saison des pèlerinages, en mai. Mais cette année, les portes ne s’ouvriront pas au printemps.
Lors des derniers étés, l’accès aux collections était gratuit, et les responsables du sanctuaire ne comptaient plus le nombre de visiteurs qui s’y aventuraient. À titre comparatif, Mme Bouchard rappelle que lorsqu’elle était responsable du musée en 2007, à peine 10 000 personnes le visitaient par année. Un nombre qui aurait diminué au cours de la dernière décennie.
De l’Historial au Musée
Le développement du musée s’insère dans l’histoire du développement urbain du village. Créé en 1958, son ouverture coïncidait avec les fêtes du troisième centenaire du pèlerinage. Il se trouvait dans le vaste stationnement aménagé pour répondre aux besoins des pèlerins de plus en plus nombreux à se rendre en voiture à Sainte-Anne-de-Beaupré. Alors appelé «Historial», il abritait une exposition offrant des scènes de la vie de sainte Anne, de la Bible et de l’histoire du pèlerinage à l’aide de mannequins. On y trouvait alors aussi des toiles et des ex-voto offerts par des pèlerins. Pour renouveler l’endroit et mieux mettre en valeur l’histoire et les collections de la basilique, l’Historial fut repensé avec une approche plus académique et devint, en juin 1997, le musée que l’on connait. Le rez-de-chaussée offrait un panorama historique et artistique de la vie de la grand-mère de Jésus, tandis que le second étage était consacré au pèlerinage et à la basilique de Sainte-Anne-de-Beaupré. On pouvait notamment y voir des sculptures de Louis Jobin et la maquette originale de l’actuelle basilique qui a remplacé l’originale détruite par le feu en 1922.
La décision finale de fermer le musée a été prise le mois dernier par le chapitre de la province rédemptoriste de Sainte-Anne-de-Beaupré.
Mme Bouchard indique que diverses options sont envisagées quant à l’avenir des collections qui se trouvent au musée, qui pourraient intéresser d’autres institutions muséales.
Certaines pièces pourraient cependant rester à Sainte-Anne, comme la statue offerte par le premier évêque de Québec, saint François de Laval, qui se trouve présentement dans la chapelle dédiée à sainte Anne dans le transept nord de la basilique. D’autres œuvres d’orfèvrerie, nommément des calices et des ciboires, pourraient aussi demeurer au sanctuaire. Mais chose certaine, il est hors de question de dilapider la collection.
«Depuis qu’on a annoncé qu’on ferme le musée, je reçois des appels de collectionneurs qui veulent récupérer des pièces, dont des statues. Ça c’est non», assure Mme Bouchard.
Elle indique que les Rédemptoristes se donnent jusqu’en décembre 2017 pour décider de ce qu’ils feront du bâtiment.
Des pratiques qui évoluent
En 2015 et 2016, le sanctuaire a reçu respectivement 829 461 et 851 019 visiteurs. C’est environ 40 % moins que les chiffres qui circulaient il y a vingt ans, alors que la fréquentation avoisinait le million et demi de personnes.
«Les pratiques des pèlerins et des touristes changent», convient la vice-rectrice en évoquant les fluctuations du taux de change avec le dollar américain, le vieillissement de certains organisateurs de pèlerinages et le fait que moins de gens passent plusieurs jours au sanctuaire, comme c’était le cas le auparavant.
«Beaucoup de pèlerins viennent, mais moins pour coucher», remarque-t-elle.
C’est notamment pour s’ajuster à ce contexte que l’Auberge de la basilique, qui se trouve sur la rue du Sanctuaire, directement en face de la basilique, ferme sa cafétéria.
«On reçoit les gens pour coucher et on continue d’offrir le déjeuner continental. Ça devenait difficile de maintenir une cafétéria ouverte du matin au soir», note-t-elle, soulignant que ce n’est pas l’offre de restauration qui manque autour du site.
Surtout, Mme Bouchard assure que la décision de fermer le musée ne pave pas la voie à d’éventuelles fermetures d’autres bâtiments liés au sanctuaire.
«Au contraire, rétorque-t-elle. À la Scala Santa, la réparation des escaliers est en cours. Au sommet du chemin de croix, nous avons comme projet d’améliorer au printemps le mur de soutènement, vis-à-vis l’ancien monastère des Rédemptoristines», annonce-t-elle.