Menant déjà des actions collectives contre six congrégations religieuses et cinq diocèses québécois, le cabinet Arsenault Dufresne Wee Avocats a déposé le 5 octobre une demande d’autorisation afin d’intenter un recours contre, cette fois, les Frères de la Charité.
Un homme, aujourd’hui âgé de 83 ans et identifié par les initiales A. B., allègue avoir été agressé, à l’âge de 12 ans, par un religieux qui enseignait au Collège Saint-Frédéric de Drummondville.
« Le demandeur a subi au moins cinq agressions sexuelles de la part du frère Raphaël », indique le document judiciaire déposé au palais de justice de Montréal. Les gestes reprochés, survenus en 1950, sont tous des attouchements, d’abord sur le pantalon puis à l’intérieur du pantalon de la victime, précise-t-on. « Lors de chaque agression, le demandeur manifestait son refus au frère Raphaël, lequel cessait alors de commettre des attouchements. »
La victime alléguée indique avoir quitté le collège l’année suivante. Ces agressions auraient développé chez lui « un sentiment de méfiance envers autrui et particulièrement envers les personnes en situation d’autorité » ainsi qu’un « rejet de la religion ».
A. B. réclame aujourd’hui 600 000 $ en dommages et demande au Tribunal l’autorisation de représenter toutes les personnes « ayant été agressées sexuellement par un membre religieux des Frères de la Charité, ou par un employé ou un bénévole, laïc ou religieux, se trouvant sous la responsabilité des Frères de la Charité, durant la période comprise entre le 1er janvier 1940 et le jugement à intervenir ».
Présents au Québec depuis 1865, les Frères de la Charité ont dirigé des écoles et institutions dans les diocèses de Chicoutimi, de Nicolet, de Sherbrooke, et de Saint-Hyacinthe ainsi que dans l’archidiocèse de Québec. À Montréal, les religieux ont géré l’École de réforme Mont Saint-Antoine. La communauté ne compterait plus aujourd’hui au Québec qu’une quinzaine de membres, tous domiciliés dans une résidence de la rue Notre-Dame, à Saint-Sulpice.
Invité à commenter ce recours collectif, le frère Gilles Rivard, le supérieur de la congrégation, a déclaré ne pas au courant de la démarche judiciaire. « Je vais contacter nos avocats », a-t-il expliqué lors d’un bref entretien téléphonique. Par courriel, nous lui avons demandé le nom de naissance du frère Raphaël. Il n’avait pas répondu à notre requête au moment de publier ces lignes. De son côté, l’avocat d’A. B, Me Justin Wee, a confirmé que « [son] client ne connaît pas le nom du frère Raphaël ».