Pour Ghislain Picard, le chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec-Labrador, la visite du pape François au Canada marque une «étape importante sur le chemin de la réconciliation», mais ce n’est «certainement pas son aboutissement».
«Nous souhaitons que l’Église catholique profite des prochains mois pour poser des gestes concrets en ce sens», a ajouté le chef Picard dans une déclaration remise à la presse après le départ du pape de l’aéroport de Québec, mais avant son arrivée à Iqaluit, au Nunavut, l’étape finale de son voyage au Canada.
C’est dorénavant à la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC) de «faire preuve de leadership, d’ouverture et de transparence pour donner suite à cette visite papale», estime-t-il.
Le chef Picard mentionne «plusieurs demandes de longue date qui demeurent toujours en suspens», dont la restitution des archives qui vont permettre de faire toute «la lumière» sur l’histoire des pensionnats autochtones au Canada.
Doctrine de la découverte
Il souhaite aussi que la CECC œuvre à ce que le Vatican révoque la doctrine de la découverte, une revendication mentionnée à quelques reprises cette semaine devant le pape lui-même. À Maskwacis, en Alberta, une personne d’une voix très forte a crié au pape de «révoquer la doctrine», tandis qu’au sanctuaire de Sainte-Anne-de-Beaupré, au Québec, durant la messe, une bannière a été déroulée. On pouvait y lire: «Rescind the doctrine».
En mars 2016, moins de trois mois après la publication du rapport de la Commission de vérité et réconciliation, la CECC, conjointement avec d’autres organisations catholiques nationales, avait affirmé «sans réserve que rien dans l’Écriture, la tradition ou la théologie de l’Église ne justifie la spoliation par des Européens de terres déjà habitées par des peuples autochtones».
«Nous rejetons l’idée qu’on puisse appliquer aux terres déjà habitées par des peuples autochtones le principe du premier bénéficiaire ou découvreur, souvent invoqué aujourd’hui par les expressions «doctrine de la découverte» et «terra nullius».
La doctrine de la découverte fait référence à trois bulles (des décrets) promulguées par les papes Nicolas V et Alexandre VI au 15e siècle.
Attentes élevées
«Si nous reconnaissons les efforts du pape, les attentes sont maintenant très élevées quant à la suite des événements», a déclaré la grande cheffe du gouvernement de la Nation Crie, Mandy Gull-Masty, qui a accompagné le pape François tout au long de son séjour au Canada et qui était présente à Rome, ce printemps, lorsque le chef de l’Église catholique a présenté des excuses aux délégations des Premières Nations, des Inuits et des Métis.
«Les excuses doivent être suivies d’actions concrètes pour ouvrir les dossiers de l’Église et révoquer la doctrine de la découverte, car c’est la vérité qui guidera notre voyage de guérison », ajoute la grande cheffe des Cris du Québec.