D’ici peu, le nom de Communications et Société ne sera plus jamais utilisé et le site Web de cet organisme longtemps au service des diocèses catholiques québécois et canadiens francophones sera désactivé. Quant à ses volumineuses archives, elles seront déposées cet été auprès de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ).
Connu depuis un quart de siècle sous la raison sociale de Communications et Société, l’organisme adoptera le nom de Mediafilm, jusqu’alors celui de sa division qui se consacre au septième art.
Dernièrement, les membres de Communications et Société se sont entendus pour modifier les lettres patentes de l’organisme et reformuler ses objectifs « afin de les rendre conformes à ses actions et à sa mission actuelles ». Ils ont voté d’en modifier le nom « pour celui sous lequel il fait affaire » et est avantageusement connu du public et des professionnels, soit Mediafilm.
Ces décisions ont été prises lors d’une assemblée générale spéciale tenue le mardi 23 avril 2024 à Montréal.
« Ce ne sont pas des décisions précipitées ou prématurées », prévient Martin Bilodeau, directeur général de Communications et Société depuis six ans. Elles sont plutôt le résultat d’une réflexion sur l’évolution de l’organisme et des services qu’il offre. « Moi-même, je ne m’attendais pas à ce qu’on se rende là si vite », confie-t-il.
Il reconnaît que la « mission cinéma » de Communications et Société occupe, depuis quelques années, la majorité sinon l’entièreté des énergies de l’équipe qui l’entoure.
« Depuis que les évêques canadiens ne subventionnent plus l’organisme, les projets liés à la mission historique de Communications et Société ont peu à peu cessé », fait-il observer.
Il rappelle ainsi l’organisation des remises annuelles de prix à des œuvres littéraires, la conception de sites Web pour les paroisses et les diocèses ou encore l’animation du Comité de diffusion des célébrations liturgiques (CDCL) qui veille au contenu de l’émission Le Jour du Seigneur de Radio-Canada. Ces deux derniers projets ont été repris par d’autres institutions comme Novalis et le secrétariat de l’Assemblée des évêques catholiques du Québec.
Ces dernières années, reconnaît aussi Martin Bilodeau, « on rendait des services à une clientèle qui était de plus en plus étrangère à ce qui nous occupait » au quotidien, soit la promotion d’un cinéma de qualité, un engagement qui est au cœur même de la mission de l’organisme depuis ses débuts, il y a maintenant sept décennies.
Une longue histoire
En 1954, l’archevêque de Montréal, le cardinal Paul-Émile Léger, publie une lettre pastorale sur « le problème du cinéma ».
Il y admet que « l’écran lumineux est tout à la fois un livre merveilleux qui prétend faire l’éducation des masses et une route étoilée qui s’ouvre dans nos existences agitées et tendues vers le pays du rêve et du repos ».
Loin de n’être qu’un « simple moyen de divertissement », le cinéma suggère, selon le cardinal, « des solutions aux problèmes de la vie et marque les âmes qui subissent son emprise ».
En raison de cette fascination pour le grand écran, l’archevêque institue le Centre catholique du cinéma de Montréal et lui confie « cette tâche ardue et très longue de la formation de la conscience chrétienne en matière de cinéma ».
Trois années plus tard, la naissance de la télévision aidant, l’organisme adopte le nom de Centre catholique national du cinéma, de la radio et de la télévision qui devient ensuite l’Office des communications sociales (1967) et finalement Communications et Société (1999).
Héritage religieux
Bien que l’organisme Mediafilm n’entretiendra plus de liens formels avec les diocèses, Martin Bilodeau ne voit pas l’abandon du nom de Communications et Société comme une nouvelle rupture avec l’héritage religieux de la société québécoise ou canadienne.
« Notre travail sera justement de contextualiser, de valoriser et de faire comprendre aux générations à venir d’où l’on vient. » Il se réjouit d’ailleurs que BAnQ ait accepté d’acquérir « d’ici l’été » les archives de Communications et Société et des organismes qui l’ont précédé. « Nos précieuses archives seront protégées et, éventuellement, valorisées. On y tient vraiment », dit-il.
Il ajoute que Mediafilm travaille à la refonte de son site Web et que les pages consacrées à l’histoire de cette agence de presse cinématographique vont mentionner l’apport de l’Église catholique et de ses institutions au fil des années.
Le directeur général de Mediafilm note aussi que ce nom n’est utilisé que depuis la fin des années 1990.

C’est en 1968, sous la direction du Service cinéma de l’Office des communications sociales, que sont apparues les cotes de films, qui vont de (1) chef-d’œuvre à (7) minable, et qui sont reproduites dans l’ensemble des télé-horaires ou encore déposés dans bien des sites Web consacrés au cinéma. Une autorité dans le monde du cinéma, le sulpicien Robert-Claude Bérubé (1929-1991) a créé ces sept cotes d’appréciation qui soulignent la valeur artistique des films.
Avec les changements adoptés la semaine dernière, Mediafilm, et non plus Communications et Société, sera « le premier fournisseur de contenu cinématographique en français en Amérique du Nord ».
Voir aussi
Présence, Il y a 50 ans, un prêtre inventait un système pour évaluer les films, 6 décembre 2018.
Présence, Le couperet tombe pour Communications et Société, 19 juin 2017.