Avec des documents «uniques» et des livres «rares», les Archives des jésuites au Canada (AJC) sont un témoin clé de l’histoire de cette congrégation catholique dans le pays. Les questions liées aux Autochtones font aussi partie des priorités du centre.
«Les documents d’archives uniques ne sont pas des publications. La plupart des photographies et des documents textuels ont juste une copie dans le monde et c’est notre rôle de préserver ça à long terme», a expliqué François Dansereau, directeur du centre.
On comprend alors le soin minutieux dont la coordonnatrice administrative, Ginelle Chagnon, entourait les livres qu’elle montrait à Présence.
«Pour l’emballage, on utilise des papiers sans acide pour pouvoir conserver la qualité du papier. Le papier sans acide protège aussi de l’humidité et de la lumière. Ensuite, on met les documents dans une voûte et à une certaine température», a résumé Mme Chagnon.
Préserver les documents produits par les jésuites du pays pour les rendre accessibles au public et aux chercheurs est la principale activité des Archives des jésuites au Canada.
L’établissement, situé sur la rue Jarry, à Montréal, est constitué des documents du Centre d’archives des jésuites du Canada, à Saint-Jérôme, et de ceux du centre de Toronto.
«La collection s’est vraiment consolidée ici (Montréal) à partir de 2009, et ça représente les archives des jésuites du Canada en entier, plus Haïti», a présenté M. Dansereau.
Trois collections
Le centre possède trois collections, dont celle des archives, se composant essentiellement de documents textuels et audio-visuels ainsi que de photographies. La collection de la bibliothèque et des livres rares est une entité différente. Quant à la collection Art et objets, elle est dédiée aux œuvres d’art, artéfacts et objets 3D.
Les fonds d’archives personnelles des jésuites dominent. «On retrouve les archives des jésuites, leurs recherches individuelles. C’est très important pour eux de participer au développement des connaissances de la province. Ils lèguent leurs archives dans toutes leurs activités», souligne le directeur.
Une partie de celles-ci est reliée aux collèges comme le Collège Sainte-Marie qui a fermé en 1968, le Collège Jean-de-Brébeuf qui était géré par les jésuites jusqu’en 1970 et le Collège de théologie à Toronto, Regis College.
Un volet de la collection d’archives est aussi consacré aux missions des jésuites. Il porte sur leur présence au Canada et dans le monde. On y retrouve par ailleurs des activités plus récentes qui touchent le Centre justice et foi ainsi que les services offerts aux réfugiés.
La collection du centre date principalement du retour des jésuites au Canada, des années 1840 jusqu’à ce jour.
«On peut souligner la contribution du père jésuite Félix Martin qui était un des premiers jésuites de France à revenir au Canada dans les années 1840. Il a contribué à la mise sur pied du Collège Sainte-Marie», relève M. Dansereau.
On mentionne aussi l’œuvre du père Arthur Edward Jones et celles d’autres pères jésuites, qui ont laissé leurs traces sur l’histoire de cette congrégation au Canada au 20e siècle.
Les AJC et la question autochtone
Les Archives des jésuites du Canada reçoivent environ 250 demandes de recherche par année et la clientèle se compose majoritairement de chercheurs. La question sur la Commission de vérité et réconciliation avec les peuples autochtones suscite un intérêt particulier dans le centre, qui travaille beaucoup avec des groupes de recherche autochtones.
«C’est vraiment l’une des priorités du centre d’archives, qui consiste à faciliter les recherches effectuées par les chercheurs autochtones. Cela peut vouloir dire qu’on essaie de faire émerger les sujets qui les concernent», commente celui qui enseigne aussi la science de l’information à l’Université McGill, à Montréal.
Tout en soutenant les appels de la Commission de vérité et réconciliation, les AJC adhèrent pleinement aux recommandations formulées par les organisations nationales et internationales en vue de l’adoption de meilleures pratiques archivistiques touchant les réalités des peuples autochtones.
Les AJC et les déclarations sur les Autochtones
Le centre se rallie aux décisions issues du premier sommet du Conseil international des archives (ICA), qui s’est déroulé en octobre 2019 à Adélaïde, en Australie, sur les questions autochtones. Au terme des travaux, la Déclaration de Tandanya-Adélaïde se réfère à la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones (DNUDPA), pour spécifier qu’elle représente «un cadre juridique nécessaire à la survie, à la dignité et au bien-être des peuples autochtones.»
«À cet effet, la Commission du Programme de l’ICA a créé le Groupe d’experts sur les affaires autochtones (EGIM). […] L’EGIM sera le premier organe officiel exclusivement dédié aux affaires autochtones dans le cadre des efforts menés par l’ICA pour la défense du patrimoine documentaire international», lit-on dans la Déclaration de Tandanya-Adélaïde. Déclaration d’Adélaïde.
Les AJC apportent également leur soutien au cadre de réconciliation du groupe de travail sur la réponse au rapport de la Commission de vérité et réconciliation du comité directeur sur les archives canadiennes.
Dans le document, il est demandé au gouvernement fédéral de mettre à la disposition de l’Association des archivistes canadiens des fonds «pour entreprendre, en collaboration avec les peuples autochtones, un examen national des politiques et des pratiques exemplaires en matière d’archives, et ce, afin de déterminer le degré de conformité avec la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.» Cadre de réconciliation.