«Pas de commentaires sur le recours collectif», répète l’archidiocèse de Québec depuis le mardi 16 août 2022.
Mais le vendredi 19 août, l’évêque auxiliaire Marc Pelchat a acheminé une brève lettre aux «ministres ordonnés et aux personnes mandatées en pastorale» dans laquelle il reconnaît que l’archidiocèse «[traverse] en ce moment une tempête suscitée par la dénonciation de gestes inappropriés et d’actes d’inconduite en matière sexuelle» commis par «certains de ses représentants depuis 1940».
«Nous sommes profondément troublés par ces allégations qui sont de diverses natures», écrit l’évêque qui préside le Comité diocésain pour la protection des personnes mineures ou vulnérables.
Deux ans, presque jour pour jour, après le dépôt de la demande d’autorisation d’une action collective contre l’archidiocèse de Québec, Mgr Pelchat réaffirme sa «confiance au processus juridique afin d’affronter la vérité et de contribuer à la guérison des victimes» et la volonté des autorités diocésaines «de collaborer à ce que justice soit faite».
«Compte tenu du recours actuel, nous devons nous abstenir de tout commentaire», ajoute-t-il ensuite.
«Nous encourageons tous les pasteurs et toutes les personnes mandatées par l’Église catholique à assurer à nos frères et sœurs que nous poursuivons notre engagement à combattre toute forme d’abus». Il leur demande aussi de rappeler à leurs paroissiens que l’archidiocèse offre «des structures d’accueil indépendantes pour accueillir toute allégation d’inconduite portant atteinte à la dignité des personnes».
Sa lettre se termine par une invitation aux fidèles «à ne pas courber la tête sous le coup du découragement qui pourrait les gagner».
«Prions les uns pour les autres dans la tourmente qui secoue notre barque», écrit enfin l’évêque auxiliaire Marc Pelchat.
Action collective
Un juge de la Cour supérieure a autorisé, le 19 mai 2022, l’action collective contre l’archidiocèse au nom de toutes les «personnes, de même que leurs héritiers et ayants droit, ayant été agressées sexuellement par un membre du clergé diocésain», qu’il soit évêque, prêtre ou diacre, précise le jugement, ou encore «par un religieux, un membre du personnel pastoral laïc, un employé, un bénévole laïc ou religieux» entre le 1er janvier 1940 et le jugement à intervenir.
Le mardi 16 août, les avocats des victimes ont déposé un tableau contenant les noms de près de cent agresseurs présumés, en majorité des prêtres diocésains. La présence du nom du cardinal Marc Ouellet, le préfet du dicastère pour les évêques et un proche du pape François, dans les dernières lignes de ce tableau, a provoqué une onde de choc.
Toute l’attention médiatique s’est concentrée sur les faits reprochés au cardinal, «des attouchements de nature sexuelle non consentis».
Pourtant, dans la requête judiciaire qu’ils ont déposée au palais de justice de Québec, les avocats ont consigné les témoignages troublants, certains de lecture insoutenable, de huit victimes (six hommes, deux femmes) à l’encontre de prêtres diocésains. Sept de ces victimes étaient mineures – une était même âgée de 6 ans – lorsqu’elles ont été agressées la première fois.