Au tour de l’archidiocèse de Québec d’être visé par une demande d’action collective. Celle-ci a été déposée le vendredi 21 août au palais de justice de Québec.
Deux hommes affirment avoir été agressés sexuellement par des prêtres de l’archidiocèse. Ils demandent à la Cour supérieure d’autoriser une action collective au nom de toutes les personnes qui auraient été abusées par des membres du clergé diocésain ou du personnel pastoral depuis 1940.
Aujourd’hui âgé de 80 ans, Gaétan Bégin dit avoir été agressé durant son adolescence par le curé de sa paroisse, Rosaire Giguère, un prêtre décédé en 1974. Trois de ses frères auraient aussi été agressés sexuellement par le curé Giguère, a-t-il appris plus tard.
En 1960, Gaétan Bégin, son père et un médecin se rendent à l’archevêché de Québec afin de dénoncer ces abus. Selon les documents déposés aujourd’hui au palais de justice, le prêtre aurait d’abord été «placé en repos» puis transféré dans une autre paroisse.
La seconde victime à demander l’autorisation d’exercer ce recours collectif est Pierre Bolduc, aujourd’hui âgé de 63 ans. En 1969, le curé de Robertsonville, Jean-Marie Bégin, offre au jeune garçon une sortie dans un cinéma de la ville de Québec. C’est le film Les souliers de saint Pierre, une adaptation du roman de Morris West, qui est à l’affiche. De retour à Robertsonville (un village aujourd’hui annexé à la ville de Thetford Mines) après la représentation, il dormira au presbytère. C’est là qu’il sera agressé par le prêtre. À l’âge de 12 ans, indique le document judiciaire, Pierre Bolduc, terrorisé et en pleurs, «vient de vivre son premier contact avec la sexualité».
En 1986, l’abbé Bégin, âgé de 60 ans, se donnera la mort par pendaison à son chalet de Coleraine. Ce prêtre a été très actif dans les mouvements d’Action catholique à titre d’aumônier diocésain de la Jeunesse ouvrière catholique (JOC) et de la Ligue ouvrière catholique (LOC).
Gaétan Bégin, Pierre Bolduc et leurs avocats sont convaincus que ces deux prêtres ont agressé d’autres enfants ou adolescents.
Les deux présumées victimes réclament 600 000 $ de l’archidiocèse de Québec. Elles demandent aussi à la Cour supérieure d’être reconnues comme les représentants de toutes les personnes, y compris «leurs héritiers et leurs ayants droit», qui auraient été agressées par des membres du clergé diocésain de Québec depuis 1940. Si le recours collectif est accueilli, chaque victime pourra réclamer des dommages non pécuniaires, pécuniaires et punitifs, au même titre que les deux représentants du groupe.
Ce sont les cabinets Arsenault Dufresne Wee Avocats et Bellemare Avocats qui représentent les victimes. L’archidiocèse de Québec mais également l’archevêque de Québec, Mgr Gérald Cyprien Lacroix, ont reçu ce matin la requête judiciaire.
«Nous avons entrepris une enquête interne et collaborerons avec la justice pour faire la lumière sur ces allégations», a réagi l’archidiocèse de Québec le jour même. «Nous ne commenterons pas davantage à ce stade du processus judiciaire», a ensuite indiqué Mgr Marc Pelchat, évêque auxiliaire à Québec. C’est cet évêque qui est responsable du groupe de travail diocésain pour la protection des personnes mineures et vulnérables.
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