Lors d’une célébration œcuménique qui rassemblait des personnes de diverses confessions chrétiennes, le prédicateur invité a commencé son message en posant une question : « Qui parmi vous a déjà assisté à une célébration de la Semaine de prière pour l’unité chrétienne? » En réponse, bien sûr, la majorité de personnes présentes a levé la main.
Puis le prédicateur a enchaîné : « Qui parmi vous qui avez levé votre main a déjà quitté une de ces célébrations œcuméniques en étant insatisfait, ou frustré, ou même fâché? » Faut-il spécifier qu’aucune main ne s’est relevée.
« Eh bien, a conclu le prédicateur, voilà ce que vous pouvez répondre si on vous demande à quoi ça sert la Semaine de prière pour l’unité chrétienne : ça nous fait du bien, ça nous fait se sentir bien, ça fait du bien à nos cœurs et à nos âmes. »
La toute première raison pour laquelle nous célébrons chaque année, par ces cérémonies œcuméniques, la Semaine de prière, c’est effectivement celle-ci : permettre à des personnes de foi de différentes confessions de se retrouver pour, dans une joie commune, louer le Seigneur, pour glorifier son nom, chanter ses bontés. C’est déjà beaucoup… mais c’est insuffisant.
La deuxième raison, qui égale à la première, c’est d’aller plus loin; c’est de bâtir sur ce mieux-être commun et partagé pour agir; c’est de concrétiser ce bien-être, cette plénitude qui nous comble, cette joie qui nous nourrit, en des actes de charité; c’est de propager le message, rendre témoignage, semer l’espérance; faire en sorte que le monde se sente mieux, à son tour.
Depuis 1908
On fait remonter l’origine de la Semaine de l’unité à l’année 1908 alors qu’on célèbre, au sein de l’Église catholique, « l’Octave pour l’unité de l’Église ». Cette initiative trouve un nouvel élan, quelque trente ans plus tard, alors qu’en France l’abbé Paul Couturier se fait l’apôtre de la « Semaine universelle de prière pour l’unité des chrétiens sur la base d’une prière conçue pour l’unité que veut le Christ, par les moyens qu’Il veut ». En 1968, pour la première fois, la Semaine de prière est célébrée en s’inspirant de textes choisis conjointement par des experts protestants et catholiques. Depuis lors, on demande chaque année à une organisation œcuménique dans le monde de proposer un thème et de préparer du matériel pour la Semaine de prière. Cette année, ce matériel provient du Conseil des Églises du Minnesota qui a choisi comme thème un verset du livre du prophète Ésaïe :
Apprenez à faire le bien; recherchez la justice !
Ésaïe a proclamé ces mots dans les années 750 avant notre ère. Une période où « tout allait bien » dans le royaume d’Israël : une époque de religion opulente de prospérité économique, de stabilité politique. Mais aussi une époque de grandes inégalités sociales, d’injustice, d’iniquité, d’impunité.
N’est-il pas surprenant et à la fois désespérant de constater les grandes similitudes avec notre propre époque? Ce que dénonçait Ésaïe est d’une ahurissante actualité. Pensons au 1 % des plus riches qui accapare plus de 60 % des nouvelles richesses durant la pandémie; aux écarts incommensurables de traitement entre les patrons et leurs employés. Il y a plus de milliardaires que jamais. Plus de 5 millions d’enfants morts de faim en 2022. Sans oublier l’énorme enjeu de la justice climatique.
Voilà à quoi sert la Semaine de prière pour l’Unité chrétienne : à dénoncer et à combattre, ensemble, toutes confessions chrétiennes unies, les injustices et les inégalités.
David Fines, pasteur de l’Église Unie du Canada