*Présence publie des documents et des lettres ouvertes en lien avec l’actualité. Voici l’homélie de l’archevêque de Montréal, Mgr Christian Lépine, prononcée à l’occasion des funérailles de René Angélil le vendredi 22 janvier 2016.
La vie de René Angélil est une vie tissée de rencontres: rencontres dans la famille Angélil, rencontres dans la famille Dion, rencontres avec ses amis, rencontres avec les partenaires du monde de l’art et de la culture, rencontres avec le grand public, rencontres dans la société, rencontres avec les enfants malades et les plus démunis.
Vous tous qui participez à ce temps de mémoire, de prière et de soutien, vous avez voulu quitter vos activités, vos engagements quotidiens, pour vivre cette rencontre avec le sens d’un événement marqué par la fragilité et l’amour, la peine et l’espérance. En ce moment de recueillement je pense à tous ceux et celles qui ont été touché par René Angélil, qui l’ont apprécié, estimé et aimé. Je pense particulièrement aux personnes les plus chères de son existence, son épouse, ses enfants, ses intimes d’hier et d’aujourd’hui.
Nous sommes invités à entrer dans le mystère de la rencontre avec Dieu comme si l’on pouvait voir l’invisible, comme si l’on pouvait voir au-delà de la vie, voir la vie au-delà de la mort, voir la vie au-delà de la vie. La veille de sa mort, Jésus lève les yeux au ciel comme pour mieux voir le Père éternel. Il quête son regard car la rencontre n’est-elle pas rencontre de deux regards. Jésus veut révéler au monde l’Amour infini de Dieu, et au moment où le péché, la souffrance et la mort semblent gagner, Il plonge son regard dans le regard de son Père pour y voir l’Amour dont Il est aimé et qu’Il veut communiquer à l’humanité.
Nous pouvons nous approcher de ce regard, car nous en faisons l’expérience chaque fois qu’une épouse se voit dans le regard aimant de l’époux, et l’époux dans le regard aimant de l’épouse. D’ailleurs notre vie n’a-t-elle pas commencé par le regard aimant de notre mère et de notre père qui nous a dit dès notre naissance que notre existence était belle, qu’elle était un don merveilleux qui comblait le cœur. Lorsque notre mère nous a dit un jour et souvent, tu es le plus beau bébé du monde, elle nous a communiqué la bonté de notre existence. La famille est le lieu par excellence pour faire l’expérience de se voir dans le regard de l’autre, riche en estime, et pour apprendre à regarder avec amour, humilité et douceur.
Bien des dimensions de notre existence sont importantes. Mais par l’expérience de nos fragilités et par conviction, nous sommes appelés à apprendre le caractère premier de la famille qui est faite pour être le plus grand bien de la vie en même temps qu’une école d’humanité, de patience, de pardon et de tendresse. L’amour vécu, l’amour reçu et l’amour donné dans la famille, devient l’amour qui nous lance dans l’existence, devient l’amour, le respect et la générosité qui rayonne et s’exprime dans nos amitiés, nos engagements et le monde dans lequel on vit.
Chère famille de René, à l’occasion de son décès vous recevez des signes d’amitié et de soutien qui viennent de Montréal, du Québec, du Canada et de tous les continents. Il n’y a pas de plus grande souffrance que celle de la perte d’un être cher et notre affection va vers vous dans un élan du cœur. Lorsque Jésus, à la veille de sa souffrance et de sa mort, se met en prière, l’évangile nous parle d’un passage, de la mort transformée en passage. Lui qui est mort et ressuscité, nous a ouvert la voie vers la vie éternelle. Il est venu à nous en ce monde pour que nous allions à Lui dans le Royaume de l’Amour éternel.
Pour parler de construire un monde meilleur, on parle de l’humanité comme d’une famille. Pour parler de l’Amour de Dieu, la Bible nous parle de la famille des enfants de Dieu. Comme la mort n’a pu empêcher Jésus Christ de ressusciter, à travers la prière pour l’être cher et l’expression au Seigneur de votre douleur, rien ne peut empêcher Jésus Christ de mettre un baume sur votre cœur.
La mort n’est pas le dernier mot de la vie et de l’amour. Le vide, la peine de l’absence peut s’ouvrir à l’espérance. Dieu prend le temps de nous rencontrer, de rencontrer chaque personne, car il veut notre existence et il veut nous rassembler en son Amour infini et éternel.
Mgr Christian Lépine
archevêque de Montréal