Depuis le 8 mars, la maison de la culture Mercier accueille une exposition itinérante sur l’œuvre sociale de l’Institut Notre-Dame du Bon-Conseil de Montréal qui fête cette année son 100e anniversaire. Présentée depuis août 2022 dans les bibliothèques et maisons de la culture de Montréal, cette exposition met l’accent sur l’engagement de Marie Gérin-Lajoie, la fondatrice de cet institut, et de ses consœurs auprès des femmes et des enfants issus de la classe ouvrière.
«Le 8 mars, c’est un excellent jour pour parler de la fondatrice!» lance sœur Gisèle Turcot au début de sa causerie sur la fondatrice de l’Institut Notre-Dame du Bon-Conseil de Montréal. La religieuse soulignait ainsi le rôle joué par Marie Gérin-Lajoie dans l’émancipation des femmes au Québec, en particulier celles de la classe ouvrière.
Assise et micro en main, sœur Gisèle Turcot, qui a connu la fondatrice alors qu’elle était encore postulante, en parle avec assurance : «C’est une femme d’exception!», dit-t-elle à l’auditoire. Le portrait qui se dessine peu à peu à travers les mots de la religieuse lui donne raison.
Marie Gérin-Lajoie est née à Montréal le 9 juin 1890 à Montréal dans une famille bourgeoise. Sa mère, Marie Lacoste Gérin-Lajoie, est une figure importante du féminisme et une intellectuelle. Son père, Henri Gérin-Lajoie, est un avocat.
En 1911, Marie Gérin-Lajoie devient la première québécoise à réussir le baccalauréat dans une université canadienne-française. Dès ses études terminées, elle voyage en Europe, puis aux États-Unis.
Dès 1915, elle songe à fonder une communauté religieuse dont le but serait d’améliorer le sort des femmes et des enfants.
En 1918, elle entreprend des études de service social à l’Université Colombia de New-York. En 1921, elle crée le Service social à l’Hôpital Sainte-Justine de Montréal.
C’est en avril 1923 qu’est finalement fondé l’Institut Notre-Dame du Bon-Conseil de Montréal.
«Il faut transformer»
Fortement inspirée par les œuvres sociales de France, d’Angleterre et d’Italie, Marie Gérin-Lajoie crée des centres d’action sociale. Ceux-ci offrent aux femmes des services d’assistance et d’entraide.

En entrevue, Gisèle Turcot souligne que la fondatrice «ne méprisait jamais les œuvres de charité, mais elle se demandait: « Qu’est-ce qui fait qu’une famille n’arrive pas? Qu’est-ce qui fait qu’un homme perd toujours son emploi? » Elle avait la volonté d’améliorer la vie des gens, la transformer afin qu’ils se prennent en charge».
Marie Gérin-Lajoie ne voulait pas seulement soulager la misère, mais avait à cœur de transformer ce qui, dans la société, devait l’être. «À une époque comme la nôtre, soulager, améliorer ne suffisent plus; il faut transformer», disait-elle en 1919.
En 1931, elle fonde l’École d’action sociale de Montréal où elle enseigne ses propres cours qui serviront plus tard à la fondation, en 1939, de l’École de service social de l’Université de Montréal.
En 1936, elle ouvre l’École d’éducation familiale et sociale.
En 1938, nous retrouvons les sœurs de l’Institut Notre-Dame du Bon-Conseil dans le fameux Faubourg à m’lasse (l’actuel Centre-Sud de Montréal). Avec l’aide de ses consœurs, elle a formé les femmes afin qu’elles soient en mesure d’enquêter sur les besoins des familles. «C’est le b.a.-ba de l’action sociale», lance sœur Turcot.
Aujourd’hui, la communauté ne compte plus que 32 membres. Selon Gisèle Turcot, le legs de la fondatrice n’est pas mort. «Elle a valorisé la profession de travail social et la formation au travail social. Sa conviction que les femmes ont un rôle à jouer et qu’elles doivent être équipées pour le réaliser est encore bien vivante aujourd’hui», souligne-t-elle.
L’exposition Un siècle d’action sociale: Marie Gérin-Lajoie et les sœurs du Bon-Conseil sera présentée à la maison de la culture Mercier (8105, rue Hochelaga, Montréal) jusqu’au 6 avril.