La rencontre entre les membres de la délégation inuite du Nunavut et les dirigeants des Oblats de France a eu lieu à Lyon ce mercredi 14 septembre. Elle s’est déroulée dans un climat de «dialogue difficile mais vrai», vient d’annoncer le père Vincent Gruber, le supérieur français de la congrégation des Oblats de Marie-Immaculée.
Dans une brève déclaration remise à la presse, il a confirmé que les autorités de sa congrégation sont bien «déterminées à poursuivre [leurs] efforts pour convaincre Joannès Rivoire de se présenter à la justice canadienne». Hier, mardi, le gouvernement français a toutefois indiqué qu’il n’extradera pas ce prêtre accusé d’agressions sexuelles au Canada.
Le père Gruber a aussi annoncé aux membres de la délégation qu’une «procédure de renvoi [de la congrégation] avait été engagée» contre l’ex-missionnaire, responsable de trois paroisses (Igloolik, Naujaat et Arviat) du diocèse de Churchill–Baie d’Hudson entre 1960 et 1992.
«Cette démarche de justice est primordiale, tant pour les victimes présumées que pour le peuple inuit, les Oblats et l’Église», a insisté le supérieur oblat.
Commission mémorielle
Le père Vincent Gruber indique, à la fin de sa déclaration, que les Oblats veulent «qu’une commission mémorielle se mette en place pour rendre compte des silences passés».
Hier, la présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France (CORREF), la religieuse dominicaine Véronique Margron, a proposé qu’une commission d’enquête soit constituée afin de «faire la vérité» sur les «trente ans passés» depuis le départ précipité de Joannès Rivoire jusqu’à aujourd’hui.
En examinant les archives des Oblats du Canada et de France ainsi que celles du diocèse de Churchill-Baie d’Hudson, une équipe d’historiens pourrait enfin élucider une série de questions laissées sans réponse depuis trois décennies.
«Pourquoi le père Rivoire est-il rentré en Europe? Qu’est-ce que les Oblats, au Canada, à Rome et en France, savaient à ce moment-là? Quel a été le rôle des évêques successifs du diocèse de Churchill-Baie d’Hudson? Et pourquoi se retrouve-t-on, trente ans plus tard, encore avec cette affaire?», a demandé la présidente de la CORREF.