L’exposition Franciscana: renaissance d’une collection du Centre des livres rares et collections spéciales de l’UQAM offre jusqu’au 29 janvier 2023 une plongée exceptionnelle dans l’univers franciscain.
Les ouvrages et les objets qui sont présentés dans cette exposition ont été acquis grâce à une généreuse donation du couvent franciscain de la Résurrection (quartier Rosemont, Montréal). Composée de plus de 700 titres datant du XVe au XVIIIe siècle, cette collection constitue un riche ensemble documentaire d’ouvrages anciens — en latin, en italien et en français — illustrant le développement de la pensée franciscaine.
Le franciscain Pierre Brunette, bibliothécaire provincial, souligne que ce don est un cadeau que les franciscains se font comme communauté. «C’est dans notre spiritualité de passer le flambeau, de rendre accessible. C’est mission accomplie.»
De son côté, Frédéric Giuliano, directeur général du service des bibliothèques de l’UQAM, s’est dit honoré «de la confiance que nous porte la communauté franciscaine».
Lors du vernissage, Hugues Ouellet, bibliothécaire du Centre des livres rares et collections spéciales du Service des bibliothèques de l’UQAM et co-commissaire de l’exposition, a rappelé la belle histoire de ce don, qui s’est fait sur moins d’un an, du printemps à l’automne 2021. Et déjà un an plus tard, après des mois de travail de la part de professeurs, étudiants, franciscains et bibliothécaires, le public peut à son tour admirer une partie de ces documents uniques.
Voyage aux sources
Lors d’une conférence, le médiéviste français Jacques Dalarun a d’abord rendu hommage à son collègue franciscain Laurent Gallant (1931-2018) qui a rêvé avant sa mort d’un centre de documentation et de recherche accessible où partager la richesse de la tradition de son ordre. Pour rendre ce rêve possible, plusieurs personnes ont travaillé de concert, dont Maxime Laprade, alors candidat à la maîtrise en histoire du Moyen Âge à l’UQAM ou encore la professeure Piroska Nagy.
«Le don à l’UQAM par la province franciscaine du Saint-Esprit est incroyable. C’est dans le droit fil de la pensée franciscaine de faire circuler les biens pour l’utilité de tous», a-t-il expliqué.
Au fil de son récit, M. Dalarun a plongé son auditoire dans l’histoire franciscaine grâce aux manuscrits qu’il a étudiés. Il nous a présenté un François d’Assise mauvais scribe et terrible latiniste. Mais aussi un François proche des hommes et fondateur d’un ordre révolutionnaire, en ce sens que tous pouvaient accéder aux différentes charges, peu importe leurs origines. Le conférencier a souligné que François écrivait déjà au XIIIe siècle que les humains ne devaient pas mutiler la terre, mais que la terre devait gouverner les humains, un lien direct avec la lettre encyclique Laudato si’ du pape du même nom. On comprend alors le message du médiéviste qui a souligné au début de sa conférence que ces manuscrits sont d’une «actualité salutaire».
Pour terminer, M. Dalarun a souligné que le don des Franciscana à l’UQAM est une garantie de sauvegarde et de consultation pour des décennies, voir des siècles.
«Cher Laurent, où que tu sois, tu peux reposer en paix. Ta bibliothèque est sauvée», a dit l’historien.
L’exposition
Déployée en trois zones, l’exposition offre au public un accès privilégié à une sélection de douze ouvrages exceptionnels, à quelques objets de la bibliothèque (escabeau, étiquettes, photos, fiches de classement) ainsi qu’à une entrevue en visionnement sur place avec un frère franciscain. Il s’agit, selon la professeure Lyse Roy, co-commissaire d’exposition, de rendre hommage à la bibliothèque franciscaine et de présenter l’évolution des technologies, du manuscrit au numérique.
Ainsi, les douze livres, choisis entre autres pour leur esthétisme et leur rareté offrent une fenêtre sur la richesse du don des franciscains. Par exemple, une Vita e miracoli di Filippo dell’Aquila (XVe siècle) est l’une des deux ou trois copies connues dans le monde de cette biographie et récits des miracles d’un frère franciscain. Dans la reliure de l’incunable Sermones quadragesimales… de decem preceptis (1492) se trouve des morceaux de parchemins du XIIIe siècle. Les cartes pliées de différentes villes dans le Peregrinatio in terram sanctam (1502) sont le fait du dessinateur et graveur Erhard Reuwich, qui a accompagné le doyen de la cathédrale de Mayence dans son pèlerinage en Terre sainte au XVe siècle, une première pour l’époque.
Ceux qui ne peuvent se déplacer ou qui souhaitent en apprendre plus grâce à des vidéos et des explications de divers spécialistes peuvent se rendre sur le site de l’exposition.